La présence du discours direct (DD) est considérée comme étant une des marques linguistiques qui accompagnent typiquement un discours émotif 1 , cela déjà depuis Talking Voices de Deborah Tannen (1989) jusqu'à la récente édition du Manuel de linguistique pour le texte littéraire de Dominique Maingueneau (2010). En étudiant les émotions dans le discours (cf. Cigada 2005 et Cigada 2008a), on rencontre régulièrement le DD en tant que phénomène et que sujet théorique, même si les études se limitent plutôt à une forme spécifique du DD, c'est-à-dire au dialogue romanesque, ce qui risque de détourner l'attention de la nature linguistique, foncière et systématique, de cette structure. De son côté, la tradition rhétorique a étudié le DD sous la forme d'une figure, la sermocinatio, classée parmi les outils discursifs qui contribuent à l'éthopée 2 , c'est-à-dire à la création discursive d'un personnage au cours de la narratio.Une petite précision s'avère nécessaire, car l'on se souvient que narratio est, dans le contexte de la rhétorique ancienne, le terme technique indiquant la première partie de l'oraison, où l'orateur présente par un récit la cause qu'il va plaider. Ce récit a déjà une fonction argumentative : il vise à orienter de manière précise l'attitude de l'auditoire. Les personnages impliqués dans ce récit sont présentés sous une certaine lumière, positive ou négative, aux yeux du juge. La sermocinatio peut participer, en général, à ce processus de « création discursive » du personnage (ou éthopée), qui s'effectue surtout au moyen de l'evidentia 3 .La sémiotique genettienne et, en conséquence, la linguistique du texte « littéraire », n'a pas pris en considération ce type de narratio, donnant beaucoup plus de relief à la narration romanesque. Entre parenthèses, le choix même du terme à utiliser s'en révèle compliqué. Nous avons décidé d'avoir recours autant que possible au mot latin narratio et d'employer autrement les notions de récit (le discours, oral ou écrit, qui raconte un ensemble d'événements) et de narration (le fait même de raconter) introduites par Genette.A partir de la distinction, devenue désormais classique, entre « récit d'événements » et « récit de paroles » (Genette 1972 : 186ss), Kerbrat affirme que « les dialogues romanesques en discours direct se caractérisent par leurs capacités mimétiques supérieures à celles des autres constituants textuels, dans la mesure où ils restituent en termes langagiers (et en principe « fidèles ») un référent qui est déjà au départ de nature langagière : pas d'hétérogénéité sémiotique donc entre ce qui est rapporté (une conversation censée s'être déroulée dans l'univers diégétique), et son mode de report » 4 . En tout cas, c'est bien grâce à la méthode ethnographique qu'on a pu étudier effectivement les composantes du récit oral et remarquer les effets de polyphonie qu'il contient lui-aussi.Du point de vue plus strictement linguistique, les effets accompagnant l'usage du DD dans un récit à l'oral ne diffèrent pas de ceux qui caractérisent le DD employé dans un réc...
2. Le deuxième aspect concerne la langue française, l'objectif étant d'étudier l'identité « française » des phénomènes linguistiques analysés. En effet, la démarche préconisée par Combettes épouse cette perspective, car la comparaison entre les différents « états de langue » permettrait de mieux connaître la langue française en soi, mais elle permettrait aussi d'y discerner des états linguistiquement et Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 4.0 Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 4.0 Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 4.0
This paper sets out to analyse why dispute mediators identify disputants’ euphoric and dysphoric emotions in the context of mediation discussions, turning them into “said” emotions. Our analysis is based on a corpus of seven role-played mediation sessions, which took place in French. Adopting the notion of strategic manoeuvring from argumentation studies, we consider recurring instances of the presentational device of naming emotions, as used by the mediators. Our findings show that the mediators name emotions in two ways. First, they identify dysphoric emotions that lie at the root of the parties’ conflict, making these explicit. Second, they present to the parties a trajectory of their emotions, which moves from dysphoric to euphoric through the discussion that takes place during mediation. These two presentational strategies correspond to three functions that relate to the mediator’s goal of helping the parties find a solution to their conflict: clarifying the core of the conflict, empowering the parties as co-arguers and making emotions part of an argumentative discussion.
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