L’importance des compétences transversales comme critère de recrutement et de progression dans les mondes académique et professionnel interroge les processus de formalisation et de réappropriation qui accompagnent leur reconnaissance. Cet article propose une réflexion autour de la construction d’outils normatifs, pédagogiques et évaluatifs, qui comporte des enjeux techniques (spécificité et hétérogénéité des compétences transversales) et sociaux (besoin de rendre accessibles la sémantique des compétences transversales et la démarche de réflexivité qu’elles nécessitent).

L’adaptabilité est une notion centrale dans les représentations sociales et anthropologiques des sociétés du xxi e  siècle. Non seulement elle renvoie par connotation aux théories de l’évolution, mais elle constituerait également une obligation et/ou une qualité indispensable pour les individus, les groupes, les personnes morales ou encore les institutions, pour faire face aux grandes incertitudes contemporaines. Perçue comme une compétence transversale incontournable, elle est présente dans l’appareil normatif d’apprentissage, de production et d’insertion professionnelle. Cet article s’appuie sur une revue de littérature académique et professionnelle autour de l’adaptabilité et confronte un modèle théorique provisoire des différentes dimensions de l’adaptabilité aux données issues de l’utilisation d’une plateforme numérique mise en place par une association aidant les jeunes issus des milieux défavorisés à leur réussite académique et leur insertion professionnelle. Il s’agit de saisir dans quelle mesure les représentations symboliques de l’adaptabilité sont socialement différenciées par les caractéristiques des individus et des expériences, et de contribuer socio­logiquement au questionnement éthique des dimensions de la reconnaissance des épreuves d’adaptation.

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