Cet article s’appuie sur le mythe du Grand Siècle, convoqué sous le règne de l’empereur dom Pedro II par une poignée d’écrivains, pour étudier les relations de dépendance et de loyauté qui régissent le régime de la production littéraire lorsque se fonde une littérature nationale au Brésil. Ces écrivains aspirent à profiter des faveurs de l’économie mécénique et de la distribution des honneurs afin de consacrer leur position au sein de l’espace public et littéraire. Toutefois, une telle ambition nourrit de nombreuses frustrations au sein d’un milieu littéraire aux effectifs croissants, du fait de la parcimonie des faveurs impériales, de la précarité structurelle du système clientéliste et de l’essor du capitalisme de librairie qui ouvre à partir des années 1860 des voies inédites vers la consécration littéraire.
La circulation d’une ampleur inédite des biens culturels entre le Brésil et l’Europe dans la seconde moitié du XIX e siècle s’accompagne de la revendication d’une meilleure régulation de ces échanges afin de lutter contre la contrefaçon littéraire. Au Portugal et en France, les appels en faveur de la légalisation du droit d’auteur et de la signature de conventions diplomatiques se multiplient et trouvent de nouveaux relais dans l’espace public brésilien à mesure que le statut de l’homme de lettres y évolue. Aux actions individuelles et collectives initiées de part et d’autre de l’Atlantique depuis le milieu du XIX e siècle viennent s’ajouter à partir des années 1880 les initiatives menées par le mouvement associatif littéraire naissant, qu’il soit brésilien ou international, afin de peser sur le débat public au Brésil, et vaincre les réticences du monde politique et de l’empereur sur le sujet. La participation du Brésil au congrès sud-américain de Montevideo (1888-1889) et la signature de la première convention littéraire luso-brésilienne (1889) sont le prélude à la reconnaissance légale du droit d’auteur (1891 et 1898) : un processus auxquels les hommes de lettres, tour à tour journalistes, diplomates, hommes politiques ou juristes, ont largement contribué, en Europe comme au Brésil.
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