Notre texte propose de répondre à la question suivante : en quoi les tiers-lieux se révèlent-ils comme des espaces d’expression du bien-être des enfants ? Nos travaux de recherche s’articulent essentiellement autour de deux sciences contributives – la sociologie de l’enfance et la géographie sociale – pour mettre en lumière le point de vue des enfants sur leurs relations sociales dans les espaces de l’école. S’intéresser aux problématiques inhérentes aux espaces scolaires, c’est tenter de comprendre les effets réciproques entre la structure de l’école et les processus de socialisation mis en place par les enfants pour atteindre un bien-être subjectif. Le groupe de pairs est un repère constant dans la vie de l’enfant à l’école notamment dans les tiers-lieux, à savoir dans des espaces qui ne sont ni scolaires, ni exclusivement récréatifs du point de vue des adultes. Issue d’une immersion longue dans une école en milieu rural, notre méthodologie d’enquête qualitative de type ethnographique croise différents outils et permet de saisir les systèmes de relations mis en place par les enfants eux-mêmes. Ainsi pour trouver des alternatives aux situations difficiles susceptibles d’évoquer un mal-être à l’école telles que la solitude, le travail scolaire, les relations conflictuelles avec les adultes ou les pairs, les enfants investissent des espaces spécifiques, les tiers-lieux, dans lesquels l’imaginaire, les pratiques ludiques et les transgressions sont au cœur des relations sociales enfantines.
L’école fait l’objet d’une attention particulière en ce qui concerne son architecture qui se veut innovante. En sociologie de l’enfance, ce sont davantage les effets des aménagements de l’espace scolaire sur les enfants et en particulier sur leurs processus de socialisation qui nous intéressent. Nous faisons l’hypothèse selon laquelle la modification des espaces de jeux à l’école remet en question l’organisation sociale des enfants entre eux. Pour le démontrer, nous avons enquêté dans une école rurale auprès d’enfants de 6 à 11 ans. Deux situations de jeu directement et indirectement induites par les adultes font l’objet d’une étude approfondie pour dégager des éléments de compréhension des processus de socialisation entre enfants. Nous montrons que les enfants, en tant qu’acteurs, s’approprient les espaces pour créer des territoires dans lesquels le groupe social met en place des normes stables et des processus de socialisation variables en fonction de l’intervention plus ou moins directe des adultes et de l’espace disponible.
Cet article, issu d’une recherche doctorale en sciences de l’éducation, montre comment une méthode d’enquête visuelle permet de recueillir et donner un statut privilégié à la parole des enfants. Le parcours photographique, les entretiens d’élicitation et la vidéo forment en effet un triangle méthodologique qui permet d’obtenir des données sur les manières d’habiter l’école au plus près des représentations enfantines. Les clichés et les discours enfantins révèlent chez les enfants une faculté à se territorialiser selon ce qui est mis à leur disposition et selon les autorisations accordées par les adultes.
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