Parler des émotions à l’école n’est pas anodin. Certains enseignants expriment d’ailleurs se sentir comme « un funambule » lorsqu’ils les abordent en classe. Objet de représentations contradictoires, les émotions sont considérées comme un moteur potentiel aux apprentissages, mais sont parfois perçues comme un frein au raisonnement. Leur émergence dans l’espace de la classe représente un risque d’intrusion dans la sphère intime de l’élève. Ces tensions sont ravivées depuis quelques années par l’introduction en classe de thèmes tels que la diversité culturelle, le rapport à l’altérité et les questions migratoires. Faisant écho aux défis d’une société marquée par la pluralité culturelle et linguistique, ces thèmes associés à une éducation interculturelle deviennent des objets d’enseignement aux enjeux brûlants. L’auteure étudie des pratiques réelles d’enseignement en éducation interculturelle. Elle examine les processus d’apprentissage à l’œuvre lorsque les émotions verbalisées des élèves sont sollicitées dans des activités interculturelles. À partir d’un travail d’analyse fin des interactions sociales, le livre met en lumière les défis de la prise en compte des émotions et de leur secondarisation dans ces pratiques. Il participe à la réflexion sur les conditions d’enseignement des objets interculturels en proposant un travail innovant à partir des émotions verbalisées des élèves, une voie pour aller au-delà des pièges des approches interculturelles et répondre à leurs finalités.
Cet article repose sur les résultats d’une recherche portant sur les pratiques réelles d’enseignement de l’éducation interculturelle. A partir des considérations mises en évidence dans la littérature autour des risques de « culturalisation » de ces pratiques, cette contribution vise à comprendre la façon dont les difficultés émergent, se développent, se transforment dans les interactions en classe. Sur la base de séquences pédagogiques recueillies en classe lors de leçons à visée interculturelle, nous repérons des incidents critiques qui permettent d’identifier les tensions entre, d’une part, les intentions pédagogiques des enseignant·e·s qui visaient à construire des connaissances et déconstruire des phénomènes comme la discrimination sociale ou les stéréotypes, et, d’autre part, le processus interactif de construction de sens qui a parfois pour résultat leur réification.
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