Winter oilseed rape (Brassica napus) is a global major crop used for the production of vegetable oil. Typically sown in late summer and grown throughout winter and spring, it allows for interesting cultural practices, such as frost-sensitive intercropping with companion plants. This practice not only provides nitrogen resources much needed by the crop in the spring, but companion plants can also prevent weed growth in autumn, thereby reducing common herbicide use. Additionally, intercropping has the potential to protect the crop from insect pests. During winter 2019–2020, B. napus was grown alone (i.e., as a control) or intercropped with a mixture of faba bean (Vicia faba) and grass pea (Lathyrus sativus); because of the unusually clement weather conditions, the faba bean did not freeze, which allowed for the evaluation of the impact of these companion plants on the insect pest complex in spring. Insect damage by the beetles Psylliodes chrysocephala, Ceutorhynchus napi, and Brassicogethes aeneus was assessed in both treatments. The larval density of P. chrysocephala was significantly lower in the crop grown with service plants. Egg laying and damage by C. napi were significantly reduced when B. napus was intercropped, and the number of B. aeneus captured was significantly lower in the presence of service plants than in the control. Moreover, the yield from oilseed rape was significantly higher in the part of the field with service plants than in the pure crop control. The underlying mechanisms are only partially understood, but intercropping winter oilseed rape with frost-resistant service plants seems to be an ecologically sound practice with a very high level of potential to reduce insect pest pressure and increase crop yield. This may eventually reduce our reliance on chemical inputs in one of the most treated crops.
C’est un vendredi, le 29 juillet 2022, que Jacques nous a quitté subitement dans sa 77ème année. Jacques Derron, né le 16 septembre 1945 au Vully, a effectué la majorité de sa carrière à Agroscope, sur le site de Changins, dans le service d’entomologie dont il prit la tête jusqu’à sa retraite en 2008. Issu d’une famille d’agriculteurs, Jacques grandit dans le Vully au bord du Lac de Morat où tout petit il s’émerveille déjà devant les batraciens et autres insectes qu’il observe dans sa région. Il accomplit sa scolarité au Vully, à Fribourg et à Neuchâtel où il obtient la maturité scientifique. Il choisit ensuite d’étudier l’agronomie à l’EPFZ où il est très vite attiré par l’entomologie et séduit par la production intégrée. C’est ainsi qu’il consacre son travail de diplôme à la lutte biologique contre la Mouche de la cerise. Il part ensuite, avec son épouse Monique, également ingénieur agronome, pour l’île de São Tomé (Golfe de Guinée). Pendant trois ans, il y effectue des recherches sur l‘entomofaune dans les plantations de cacao et y découvre, entre autres, de nouvelles espèces dont toute une série de coccinelles, parmi lesquelles Nephus derroni et Thea moniqueae. Ces recherches aboutissent à sa thèse de doctorat défendue en 1977: «Approche écologique de l’entomofaune des cacaoyères de São Tomé», sous la direction du Prof. Dr. V. Delucchi, Institut d’Entomologie EPFZ. La même année, Jacques intègre le Service phytosanitaire du canton de Genève où il se consacre notamment à la jaunisse nanisante de l’orge et ses vecteurs, à savoir les pucerons. A cette époque, il s’intéresse déjà beaucoup à la thématique des seuils d’intervention contre les ravageurs des cultures. Ceci afin de pouvoir offrir aux agriculteurs un outil décisionnel permettant de savoir si une intervention phytosanitaire dans les cultures est justifiable et rentable. Après cette période genevoise, Jacques postule à Agroscope, appelé encore Station fédérale de recherches agronomiques de Changins. Il y est engagé en janvier 1980 dans le Service d’entomologie. Il travaille alors sur de nombreux thèmes, notamment les questions épidémiologiques liées aux vecteurs de virus dans les pommes de terre et les céréales, la recherche de solution aux dégâts d’insectes du colza et les premiers cas de résistances aux insecticides, l’élaboration de seuils d’intervention et la participation active à la lutte biologique à l’aide des Trichogrammes contre la pyrale du maïs. Cette dernière, s’avère plus que jamais d’actualité avec la recherche d’alternatives durables dans la gestion des bioagresseurs des plantes. De ces travaux découlent de nombreux échanges avec des collègues au niveau national, notamment avec les interlocuteurs cantonaux, l’interprofession, les firmes, les agriculteurs, tout comme à l’international avec notamment le projet Euraphid. Pendant plusieurs années il donne, avec des collègues de divers domaines comme la phytopathologie, des cours sur la production intégrée aux étudiants d’agronomie à l’EPFZ. Il est un des membres fondateurs de la Société suisse de Phytiatrie qui se charge de l’étude des facteurs contribuant à la conservation et à l‘amélioration de la santé des plantes. Parallèlement à cette thématique «d’insectes ravageurs des cultures», Jacques avait bien compris que pour trouver des solutions phytosanitaires, il fallait comprendre le système dans son ensemble, c’est-à-dire l’étude synécologique dans l’espace agroenvironnemental. Il a donc étudié les échanges entre espèces, notamment les relations entre auxiliaires et ravageurs, ainsi que la biodiversité dans la zone agricole. Il prit part aux projets de mise en place et d’évaluation des premières surfaces de promotion de la biodiversité (appelée jadis surfaces de compensation écologique) avec ses collègues de Reckenholz et de nombreux partenaires dont l’OFAG, Agridea (SRVA), le Fibl, le WSL, la Station ornithologique suisse, les Universités de Bâle et Berne. Cela l’a conduit à étudier la faune carabique des surfaces cultivées ainsi que des milieux semi-naturels. Il participa d’ailleurs au récent travail de terrain pour la réactualisation de la Liste rouge des carabes sous l’égide d’Info Fauna/CSCF. Arrivé à la retraite, il se passionne pour les champignons, encore un monde … sans fin, qu’il va étudier sans relâche. Mais comme tous les chemins mènent à l’entomologie, Jacques faisait de belles découvertes de coléoptères mycétophages ou fongicoles trouvés dans des champignons qu’il me faisait partager. Pour l’anecdote, je me souviens, il y a peu, qu’il m’avait envoyé le plus petit coléoptère existant en Europe, à savoir Baranowskiella ehnstromi, trouvé dans un champignon lignicole sur saule. Jacques a publié de nombreux articles scientifiques sur la thématique de la protection des plantes et de l’entomologie. Il a aussi formé de nombreux apprentis laborantins et suivis des travaux de diplômes et thèses de doctorat. Il était membre de la Société suisse de Phytiatrie, de la Société suisse d’entomologie, des Sociétés de mycologie de Fribourg et de La Côte. Au moment de son décès, il était impliqué dans le projet «Inventaire des Champignons de la Grande Cariçaie». Jacques était un grand scientifique, toujours intéressé à comprendre le monde qui nous entoure. Il était également un amoureux des voyages, tout particulièrement des îles volcaniques (en souvenir de São Tomé), qu’il visitait avec son épouse et leurs deux filles. Il appréciait aussi grandement la lecture, notamment les traités historiques et géopolitiques, ainsi que la musique classique. Pour moi, Jacques était avant tout un homme généreux avec qui il faisait bon discuter et partager de bons moments d’amitié. Jacques, mon ami, tu vas nous manquer.
Le réseau écologique Paysage « La Frontière » situé à l’ouest du canton de Vaud est composé de près de 700 surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) totalisant plus de 500 ha. Dans ce cadre, plus de 150 ha de nouvelles prairies naturelles, pour la plupart plantées de haies et d’arbres, forment la pièce centrale de l’infrastructure écologique de ce réseau. Elles remplacent des grandes cultures (terres assolées) et ont été mises en place par la méthode de l’enherbement direct (fleurs de foin). Les orthoptères et la mante religieuse (Mantis religiosa) ont été choisis comme bio-indicateurs pour évaluer la richesse spécifique et la vitesse de colonisation de ces nouvelles surfaces. Les relevés orthoptériques ont été effectués, entre 2014 et 2018, sur 33 nouvelles prairies et ont été comparés à 13 prairies naturelles anciennes extensives. En moyenne, le nombre d’espèces par prairie était de 9.3 (dont 1.7 sur la Liste rouge) dans les nouvelles prairies et de 11.5 (2.6) dans les prairies anciennes. Statistiquement, il n’y a aucune différence significative entre les deux types de prairies. Aucune corrélation entre le nombre d’années après la mise en place des nouvelles prairies et le nombre d’espèces recensées par prairie n’a été détectée, indiquant une colonisation rapide des nouvelles prairies. Parmi les espèces d’orthoptères cibles du réseau écologique cantonal, figurant également sur la Liste rouge, six sont présentes dans les prairies anciennes comme dans les nouvelles. Parmi ces dernières, Metrioptera bicolor et Euchorthippus declivus étaient présentes dans près de 60% des prairies. Les résultats montrent l’importance d’une répartition dense de prairies à la fois de bonne qualité (enherbement direct) et exploitée extensivement avec des zones refuges. Ils soulignent également l’importance des prairies anciennes et des aires naturelles protégées comme réservoirs pour la restauration de la biodiversité dans les paysages agricoles.
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