La gestion forestièree nW allonie se singularise par la possibilité de prendree nc ompte l'ancienneté des forêts dans les plans d'aménagement ainsi que dans la certification forestière. En conjuguant simultanément la vision de l'administration publique et du monde académique, cet article détaille les particularités historiques des forêts wallonnes, l'influence des travaux forestiers et la reconnaissance de la valeur patrimoniale des forêts anciennes et de leur gestion différenciée. Les lignes directrices de cette gestion patrimoniale sont détaillées.
L'HISTOIRE HÉTÉROGÈNE DESFORÊTSWALLONNESDepuis le néolithique, les sociétés humaines d'Europe occidentale tirent leur prospérité de la fertilité des sols et de la fécondité des céréales. Les activités agricoles ont fondamentalement impré-gné nos paysages. Initialement prépondérantes depuis la dernièreg laciation, les forêts se sont généralement maintenues là où les conditions locales n'ont pas permis l'activité agricole, en raison du relief accidenté, de sols contraignants ou de difficultés d'accès, àm oins que ce ne soit le fait de caractéristiques foncières particulières (domaine de chasse, propriété abbatiale, parcd e château…) (Tallier,2 004 ;D erex, 2013 ;B ergès et al.,2 013).En Wallonie, une information cartographique abondante et de qualité permet de retracer l'ancienneté des massifs forestiers. La carte dressée par le Comte de Ferraris vers 1775 sert de référence pour le XVIII e siècle en Belgique, grâce às ap récision géographique (environ 1/11 520) et sa riche typologie. Le cas échéant, elle est complétée par d'autres cartes de la seconde moitié du XVIII e siècle, telles que les cartes françaises de Cassini (Vallauri et al., 2012) et de la guerred e sept ans (Nekrassoff, 2014). Le croisement de ces cartes anciennes avec la situation actuelle montreq ue, même si la superficie boisée s'est globalement accrue de 27 %e nW allonie, passant de 431 000 ha à5 46 000 ha, sa composition s'est très fortement modifiée.Depuis le XVIII e siècle, une partie des massifs forestiers feuillus wallons qui occupaient environ 431 000 ha ont été déboisés pour l'agriculture( 124 000 ha soit 30 %) mais aussi transformés en plantations de résineux (108 000 ha soit 26 %). Seuls 44 %d es forêts du XVIII e siècle restent actuellement occupés par la forêt feuillue d'origine (tableau I, p. 546, figure1 ,p .546). aU niversité catholique de Louvain,