Résumé Dans le cadre d’une recherche sur la participation sociale et les personnes aînées, nous avons sollicité des citoyens et des citoyennes de 65 ans et plus, des intervenants et des intervenantes ainsi que des gestionnaires travaillant dans le réseau québécois, public et communautaire de la santé et des services sociaux, pour prendre part à une série de rencontres d’échanges et de discussion. Dans cette recherche ont aussi été conviés – et c’est là que réside principalement l’originalité de notre démarche – des personnages et des événements tirés de contes merveilleux du répertoire de la tradition orale québécoise et acadienne. Nous traitons ici de l’imaginaire en mouvement que laisse entrevoir ce croisement entre le merveilleux et les savoirs d’expérience. Loin de camper simplement la vieillesse dans un âge de la sagesse, cet imaginaire est largement habité d’insoumissions et de subversions, de tentatives de réhabilitation du complexe et des plis de la vie, et aussi de témoignages de fragilités humaines à tous âges qui s’accommodent difficilement de la dureté des protocoles et de l’autorité.
À la faveur de préoccupations croissantes relatives au vieillissement de la popuation, la question de la « participation sociale des aînés » a pris une place particulière dans les discours gouvernementaux, médiatiques et autres. Il ne suffit pas de mettre ensemble ces termes pour qu’ils se définissent mutuellement et que, dès lors, le sens qu’on leur attribue se clarifie. Une intuition nourrie par diverses expériences de recherche et d’animation nous a incitées à inviter des gens insérés en divers endroits du réseau, public et communautaire, de la santé et des services sociaux, à partager leurs expériences et leurs représentations de la participation sociale. Dans la foulée d’expérimentations antérieures où des contes de la tradition orale sont venus soutenir la prise de parole et l’analyse de phénomènes sociaux, nous avons adopté une approche consistant à croiser des récits d’expériences avec d’autres récits tirés, ceux-là, d’un répertoire de contes merveilleux. Entre la vie et les contes, ces personnes se sont révélées de formidables praticiennes de la déconstruction. La prise en considération de la vie avec ses plis, ainsi que du temps qui passe et ne passe pas, ouvre d’autres postures pour penser la participation sociale, celle des personnes aînées et celle des autres.
Selon les conteurs rencontrés par l’auteure dans les années 1970, les contes merveilleux sont des « histoires de traverses » ou des « histoires de misères », que la plupart avaient appris en mémorisant les « go » et les « stops » des trajectoires des personnages. Ces conteurs vivaient ces contes comme la traversée, remplie de risques et de difficultés, d’un monde imaginaire à visualiser d’un point de départ à un point d’arrivée. Ces traversées résonnaient sans doute dans leur propre vie comme leur vie résonnait dans leurs contes. Ce faisant, ils se transmettaient des récits structurés pleins d’un sens que nous ne finissons jamais d’épuiser. En marge des travaux de typologie qui aident les chercheurs à relier entre eux « tous les contes qu’il y a au monde », l’auteure s’interroge sur ce que nous pouvons apprendre en abordant de façon topographique, voire topologique, les contes qui nous ont été ainsi transmis. Elle détaille dans cet article comment le réflexe topologique qu’elle a développé en étudiant les contes nourrit maintenant son rapport au monde, de même qu’elle tente une systématisation de ce réflexe de chercheure pour qui des constellations de sens figurés et de sens propres entrent parfois en coïncidence sur de riches séquences.According to the storytellers the author encountered in the 1970s, great tales are “stories involving crossings” or “stories involving misery” that many of them had learned by memorizing the “goings” and the “haltings” along the characters’ paths. These storytellers lived these tales like the crossing, filled with risks and difficulties, of an imaginary world to be visualized from the beginning to the end. These crossings undoubtedly resonated in their own lives just as their lives resonated in the tales. As such, they have transmitted structured accounts that are full of meaning that is inexhaustable. Along with the typology work that helps researchers link “all the tales that exist in the world”, the author wonders what we can learn from approaching tales that were transmitted to us from a topographic, or even topological, point of view. In this article, she describes how the topological reflex that she has developed by studying tales now nurtures her relationship with the world. She also attempts to systematize her “researcher’s reflex”, to sometimes catch constellations of figurative meanings and literal meanings coinciding in rich sequences
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