De manière très générale, malgré des débats (Marshall & Krüger, 1990), le sport peut être défini selon les sept critères proposés par Allen Guttmann (1978 : 16) : l'aspect séculier, la rationalisation, la bureaucratisation, la quantification, l'égalité, la spécialisation et le record. Mais il peut également englober tous types d'activités physiques réalisées dans un but récréatif, hygiénique ou compétitif tout en se déroulant dans un cadre réglementaire minimal (Eichberg, 1998). De ce point de vue, le sport est aussi ancré dans notre quotidien et, de fait, au sein de la culture populaire. Pour le dire autrement, outre les pratiques physiques, il se donne aussi à voir à travers la matérialité (les objets, les vêtements, etc.) et sur les supports médiatiques (retransmission de matchs, jeux vidéo, etc.).Dans cette perspective, ce numéro spécial entend questionner les pratiques sportives et/ou ludiques productrices ou dérivant de la culture populaire. Cette notion est plurielle, composite et, pour Dominique Kalifa, il ne peut exister de définition qui fasse l'unanimité au sein de la communauté scientifique (Lynch, 2005 : 3) puisque la culture populaire est « complexe, protéiforme, investie d'enjeux politiques et idéologiques forts » (Kalifa, 2010 : 224). Plus encore, celle-ci est « plurielle, à la fois alternative et mainstream, commercial et militante, conformiste et subversive. C'est une boule à facettes où scintillent super-héros de bandes dessinées, personnages de cinéma, séries, jeux vidéo, looks et musiques qui font danser la planète » (Artus, 2018 : 14). Malgré tout, la culture populaire peut être envisagée de deux manières (Pasquier, 2005). D'une part, en héritage des travaux (essentiellement français) portant sur la théorie de la légitimité culturelle, la culture populaire peut être perçue comme la consommation des biens culturels par les classes populaires. Dans une autre optique, celle des cultural studies, la culture populaire est davantage appréhendée selon des approches localisées. Dès lors, loin d'être pensée dans un rapport hiérarchique, la culture populaire est ici un système de valeurs à part entière et un monde de sens (Becker, 2010). Dans tous les cas, les univers culturels sont hybrides et témoignent d'appropriations et de formes diverses de « braconnage » (De Certeau, 1990). De son côté, John Fiske s'ancre également dans cette logique puisqu'il met en avant une culture populaire correspondant à des productions ayant déjà fait l'objet d'une appropriation signifiante par le public (Fiske, 1989). Plus encore, dans le contexte actuel de « globalisation culturelle du sport » (Fournier & Raveneau, 2010), les outils des sportifs, les ustensiles personnels ou les bibelots du quotidien tels que les cartes postales, les jouets et, bien évidemment, les magazines, les bandes dessinées, les dessins animés, les séries TV, c'està-dire plus largement tous les objets fabriqués en séries ou non, peuvent être analysés, pour comprendre la dynamique de cette culture populaire sportive, au prisme de la culture matér...