Alors que la prise en charge des questions européennes par les groupes d’intérêt économiques est souvent présentée comme automatique, cet article analyse les dynamiques de structuration d’une catégorie « Europe » au sein du Conseil national du patronat français (CNPF). Loin d’être consensuelle, la prise en charge des premiers projets d’intégration européenne au sein du CNPF est l’objet de tensions entre plusieurs dirigeants. L’émergence d’organisations patronales européennes, et notamment de l’UNICE, fournit un ensemble de ressources et de contraintes ensuite mobilisées au sein du CNPF. Saisir la structuration de l’intérêt européen implique alors d’articuler le fonctionnement de la confédération patronale française aux différents espaces où se construit l’objet européen.
L’article signale que l’institutionnalisation d’un espace politique européen ne va pas de pair avec l’existence de structures ou de professionnels dédiés à la prise en charge des sujets européens au sein de plusieurs organisations patronales françaises. Depuis 1956, les modalités du suivi de ces sujets font l’objet de régulières recompositions dans ces organisations. Dès lors, l’existence de structures Europe ne constitue ni un marqueur de l’européanisation des groupes patronaux nationaux ni une entrée privilégiée pour saisir leur activité européenne. Leur instabilité éclaire en revanche les concurrences entre différentes modalités de suivi des enjeux européens dans un groupe national. Les salariés labélisés Europe au sein de l’organisation s’opposent à d’autres salariés sur les modalités de suivi des sujets européens. Afin de légitimer leur position, les permanents Europe mobilisent autant qu’ils font exister la particularité d’un espace politique européen dans l’organisation. Ce faisant, ils y promeuvent une définition particulière des sujets européens.
Cet article analyse l’inspection d’un dispositif d’action publique expérimental par des inspecteurs appartenant à deux corps d’inspection générale : l’IGAS et le CGEFI. Loin d’être donnés une fois pour toutes, les objectifs de l’inspection oscillent continuellement au cours d’une même mission entre évaluation du dispositif et soutien à sa mise en œuvre. Les tensions autour du rôle des inspecteurs éclairent les recompositions des formes de l’action publique. L’article porte ainsi une attention particulière à la configuration d’acteurs mobilisés pour (re)définir les objectifs de l’inspection : les inspecteurs, les membres des cabinets ministériels, les participants au comité de pilotage du dispositif ou encore les structures internes à chaque corps d’inspection. Ce suivi de la conduite d’une inspection de sa commande au rapport final est rendu possible par la réalisation d’entretiens réguliers avec les inspecteurs, les observations de plusieurs réunions et l’accès à de nombreux documents produits par les inspecteurs. Les débats autour des modalités d’évaluation sont au cœur de luttes au sein desquelles se jouent à la fois l’affirmation de la position des inspecteurs dans l’administration et les formes de légitimation de l’action publique.
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