Résumé Au-delà d’une actualité trop souvent sensationnelle, l’adoption d’enfants étrangers en France a donné lieu au récent rapport Colombani (mars 2008) qui propose de faire évoluer cette pratique. Un regard rétrospectif sur ce phénomène, développé essentiellement à partir des années 1970, est également essentiel. À la différence de nombreuses sciences humaines et sociales s’intéressant à l’adoption, l’historiographie française s’est peu penchée sur ce fait sociétal complexe. Pourtant des archives et des témoignages, nécessaires au travail de l’historien, existent. L’adoption internationale met en relation de nombreux acteurs : postulants à l’adoption, associations, États, organisations internationales qui développent leur propre logique peu ou prou complémentaire ou conflictuelle avec celles des autres protagonistes. L’étude de ces différentes logiques, constamment en interaction et en évolution, constitue une approche historique intéressante de l’adoption internationale en France.
IntroductionAs during the Second World War, the postwar period favoured intra-European movements of displaced, refugee, lost, and surviving children.1 These transfers constituted de facto intra-European movements of people, of which international adoptions were the most successful legal manifestations. Here, it is a question of returning to the origins of "intercountry adoptions" and studying how this nascent transnational social phenomenon was seen from the beginning as a particular type of migration which necessitated regulation at the international level. Europe found itself at the centre of the first movements -with the children's home countries and their host countries -how did the Council of Europe, institution created in 1949, take hold of this question and how did it contribute to regulating the phenomenon?
Après la Deuxième Guerre mondiale, pendant l’occupation alliée en Allemagne, des milliers d’enfants sont nés de mère allemande et de père soldat des troupes alliées. Dès 1946, les autorités françaises mettent en place une politique d’« abandon / adoption ». Il s’agit de contrôler l’abandon par leurs mères des enfants de pères français et d’organiser leur adoption en France. Des pouponnières en Allemagne aux familles adoptives en passant par des associations, toute une filière se met en place. Dans une Allemagne sans État, la procédure suivie par les autorités françaises pour ces adoptions internationales est unilatérale. À partir de 1949 et la création de la RFA, la donne change. La diplomatie française obtient la fin de cette politique qui concerne de moins en moins d’enfants. La volonté des protagonistes français d’empêcher que des problèmes puissent se poser ultérieurement a été jusqu’à la récupération des traces de cette politique dans les archives allemandes.
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