Le retour de l’héritage dans la constitution de patrimoine depuis le dernier tiers du xx e siècle appelle une réflexion normative renouvelée. Cette dernière peut être formulée comme une tension entre deux logiques normatives distinctes : une logique de la transmission et une logique de la redistribution. Selon la première, qui raisonne sur l’espace d’une seule génération, il est juste de pouvoir transmettre librement sa richesse à ses enfants, en vertu de la nature spécifique du lien qui les unit. Selon la seconde, qui prend en compte le temps long, il faut limiter l’héritage pour lutter contre la reproduction et l’intensification des inégalités sociales. Une grande partie des difficultés posées par le problème contemporain de l’héritage repose sur la conciliation de ces deux perspectives temporelles.