Pour satisfaire l'opinion, le législateur français élabore en 1912 une loi destinée à surveiller et réprimer le «vagabondage en roulotte». Ceux qui sont visés par la loi sont spécifiquement les «romanichels», c'est-à-dire une population qui est censée se distinguer des autres ambulants, les «forains», par des «traits de race». Comment la République, qui n'est censée connaître que des individus, a-t-elle pu construire légalement une catégorie ethnique qui ne dit pas son nom : le «nomade» ? Comment cette population sera, au nom de la loi, l'objet de sollicitudes policières particulières parce que porteuse d'une altérité que l'on suppose collectivement criminelle ? Quand les principes de la République sont contournés par ceux-là mêmes qui établissent la loi...