Partant de l’expérience de l’opposition clandestine de gauche au Sénégal, cet article examine la répression politique menée par un État sénégalais autoritaire, construit lors des premières années post-indépendance (1960-1966) puis consolidé comme État-parti au cours des « années 1968 » (1966-1976). Il s’intéresse à plusieurs fragments de l’histoire politique du pays : la dissolution du Parti africain de l’indépendance (1960) ; la rupture entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia (1962) ; la répression des manifestations postélectorales du 1er décembre 1963 puis de la mobilisation de « Mai 68 » ; les condamnations du groupe des « incendiaires » (1971) ; la controversée affaire Omar Blondin Diop (1973) ; et enfin les arrestations de militants d’And Jëf (1975). Ces évènements nous servent ainsi d’illustration des méthodes employées par l’État pour réprimer son opposition : intimidation, déguerpissement, arrestation, internement, expulsion, conscription, torture physique et mort en détention.