La « mixité sociale » fait partie des stratégies des pouvoirs publics pour déconcentrer les quartiers pauvres et favoriser une plus grande cohésion sociale entre les habitant-es issu-es de divers milieux sociaux, culturels et économiques. Alors que la ville fait face à un contexte de gentrification, où des populations plus aisées s’installent dans des quartiers populaires, les politiques de mixité sociale veulent maintenir l’accès à la ville des populations issues de toutes les catégories sociales. Si ce phénomène et ses impacts sur les coûts des logements ou des produits de consommation sont relativement bien documentés, nous en savons encore très peu sur la mise en oeuvre de la mixité en intervention sociale et, plus particulièrement, dans les services entourant le développement de la petite enfance et le soutien à la parentalité. Cet article s’appuie sur une enquête ethnographique combinant une analyse documentaire, des observations, 16 entrevues avec des mères fréquentant les services publics et communautaires qui mettent en place les politiques de soutien à la parentalité et de développement de l’enfant, ainsi que 14 entrevues avec des intervenant-es qui travaillent dans ces structures. L’analyse permet d’observer le fait que le projet de mixité sociale, s’il a pour qualité de promouvoir l’inclusion et l’accès universel de toutes les mères à ces services, pose certaines limites pratiques. Paradoxalement, il ne permet pas à certaines mères, et particulièrement aux plus pauvres et aux plus marginalisées, de rester incluses dans les services qui leur sont pourtant destinés.