> Les récepteurs Toll-like (TLR) détectent différents produits microbiens et jouent un rôle prépondérant dans les réponses immunitaires innée et adaptative. Parmi eux, les TLR1 à TLR9 sont conservés chez l'homme et la souris et reconnaissent des ligands similaires, à l'exception de TLR8. Contrairement au TLR8 murin, les TLR7 et TLR8 humains ainsi que le TLR7 de souris détectent les virus à ARN simple brin et les composés d'imidazoquinoline. À cause de cette différence, le TLR8 murin a longtemps été considéré comme non fonctionnel et sa contribution à l'immunité innée est ainsi restée mal comprise. Nos études récentes ont révélé un rôle important de TLR8 dans la régulation d'une auto-immunité dépendante de TLR7 chez la souris. Cette revue propose un état des lieux de notre compréhen-sion actuelle de la fonction de TLR8 et discute sa potentielle utilisation clinique dans le traitement et/ou la prévention de diverses pathologies. Le rôle des récepteurs Toll dans l'immunité innée a été décrit pour la première fois chez la drosophile. Initialement, Toll a été identifié comme un récepteur transmembranaire nécessaire à l'établissement de la polarité dorso-ventrale au cours du développement de l'embryon [6]. Son implication dans l'immunité antifongique a été établie quelques années plus tard quand B. Lemaitre a montré que la délétion de Toll ou de molé-cules en aval de sa voie de signalisation entraînait une surmortalité des mouches par un défaut de synthèse de peptides antimicrobiens [6]. Ces conclusions ont ensuite été renforcées par la découverte chez l'homme d'un récepteur homologue au Toll de la drosophile, connu aujourd'hui comme étant TLR4 [7]. Les TLR sont des protéines transmembranaires de type I, avec un domaine extracellulaire composé de répétitions de motifs riches en leucine (LRR, leucine-rich repeats) assurant la reconnaissance, un domaine transmembranaire et un domaine intracellulaire globulaire présentant de fortes homologies avec la portion cytoplasmique du récepteur de l'interleukine (IL)-1 (TIR, Toll-IL-1 receptor) et nécessaire à la transduction du signal [6]. À ce jour, 10 TLR fonctionnels ont été identifiés chez l'homme et 12 chez la souris, les TLR 1 à 9 étant conservés dans les deux espèces. TLR10 murin est non fonctionnel en raison d'une insertion rétrovirale dans le gène correspondant alors que les gènes codant pour TLR11, TLR12 et TLR13 ont été perdus du génome humain. En réponse aux agents microbiens, à certaines cytokines et facteurs environnementaux, les TLR sont exprimés de manière dynamique par de nombreux types cellulaires aussi bien immunitaires (macrophages, cellules dendritiques, cellules B et certains sous-types de cellules T) que non immunitaires (fibroblastes et cellules épithéliales). Chaque TLR détecte des composants microbiens distincts provenant de bactéries,