Cet article propose une exploration à deux voix des processus imaginatifs groupaux à l’œuvre auprès d’adolescent·es en situation migratoire aux prises avec les blancs et les silences de leurs histoires transgénérationnelles. À partir de rencontres avec deux jeunes, Ismaël et Medhi, ayant eu lieu dans le cadre de recherches cliniques, nous tenterons de décrire et de mettre en récit la façon dont, ignorant tout de leurs histoires, ils font appel à la potentialité imaginante des collectifs qui les accompagnent. Pour les équipes et collectifs d’accompagnant·es auprès de ces adolescent·es il s’agit alors de faire face à l’inimaginable et à l’indicible du traumatisme migratoire. L’histoire et l’identité narrative trouvent ainsi à se déployer au sein du groupe, de l’hallucination et aussi du rêve. Le récit de ces jeunes, porté à plusieurs, peuplé par une pluralité de voix professionnelles, disciplinaires, peut alors soutenir sa charge mortifère. Nous proposerons ainsi la notion de remembrance imaginante collective comme processus se déployant dans les groupalités qui accueillent ces adolescent·es.