Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2015) fait le point sur la colonisation et les politiques du gouvernement fédéral ayant porté atteinte à l’identité culturelle des peuples autochtones du pays. Que cela ait été intentionnel ou non, les institutions de la mémoire – musées, centres d’archives et bibliothèques – ont contribué à cet héritage colonial par l’imposition d’un régime d’historicité de conservation et d’interprétation occidental. Le mouvement pour la réappropriation du patrimoine culturel autochtone, mené tant par les groupes autochtones que par les institutions de la mémoire elles-mêmes, cherche à corriger cette situation par des mesures aussi variées que le rapatriement, la restitution, la gestion partagée et l’autogestion des collections autochtones ainsi que la création de partenariats et de projets collaboratifs. Cette étude analyse d’abord le contexte sociohistorique dans lequel évolue le mouvement pour la réappropriation du patrimoine culturel autochtone pour ensuite présenter les réformes et les pratiques exemplaires des institutions de la mémoire issues de ce mouvement. Ces réformes témoignent de deux tendances distinctes, soit des stratégies d’autonomisation ou de collaboration. L’étude conclut sur quelques recommandations quant aux mesures institutionnelles à privilégier pour les prochaines décennies.
The Truth and Reconciliation Commission of Canada’s Report (2015) takes stock of colonization and federal government policies that adversely affect the cultural identity of the country’s Indigenous People. Intentionally or not, memory institutions – museums, archives and libraries – have contributed this to the colonial heritage by imposing a regime of conservation historicity and Western interpretation. The movement to reclaim Indigenous People’s cultural heritage, led by both indigenous groups and memory institutions, seeks to correct this situation by various means including repatriation, restitution, shared management and self-management of indigenous collections as well as the creation of partnerships and collaborative projects. This study first analyzes the socio-historic context in which the movement to reclaim Indigenous People’s cultural heritage operates, and then presents memory institutions’ reforms and exemplary practices within this movement. These reforms speak to two distinct trends: strategies of empowerment and collaboration. The study concludes with a few recommendations regarding institutional measures to value in the coming decades.