À travers l'étude des attestations des verbes walḫ-« frapper » et ḫatt-« percer, transpercer » dans les textes religieux hittites, plusieurs pratiques de violence ritualisée seront mises en évidence. Celles-ci consistent principalement en bastonnades, flagellations ou percements de chair auto-infligés ou dispensés par d'autres en vue d'une purification, d'une oblation et/ou d'une mortification.La religion peut aller de pair avec une certaine forme de violence. Derrière le terme de « violence », ce sont automatiquement nos propres conceptions qui transparaissent. En effet, il est impossible d'affirmer que tel ou tel acte est considéré comme violent pour celui qui le commet ni même pour celui qui le subit. De plus, ni la violence ni la douleur ne sont mises en avant dans les textes que nous allons voir ensemble. J'emploierai donc l'expression « violence ritualisée » uniquement dans un but de classification. Je me contenterai de collecter et d'examiner en contexte les actes rituels consistant à frapper, fouetter, percer ou piquer voire couper un corps humain.¹ Il s'agira, notamment, de s'interroger sur les fonctions de ces actes au sein du processus rituel ou cultuel. Pour rassembler le présent corpus, j'ai procédé par recherche des mots-clés suivants :² 1. « frapper » (hittite walḫ-, šapp-ou zaḫḫ-) ; 2. « piquer, transpercer, perforer » (hittite ḫatt-) ; 3. « couper » (hittite ku(e)r-). Tous les textes cités ici ont été collationnés par mes soins à partir des photographies des tablettes mises en ligne sur le site de Konkordanz.³ Par ail-
I « frapper » : walḫ-, šapp-, zaḫḫ-
I.1 Lors de fêtes cultuellesLors de certaines fêtes cultuelles, on remarque un certain nombre de rites de bastonnade ou de flagellation. Examinons ces occurrences dans leur contexte. 4 Certaines des occurrences de ce geste rituel ont été brièvement mentionnées par Doğan-Alparslan (2005, 247). J'exclus de cette liste les quelques contextes dans lesquels on frappe les mains du roi, car ce geste relève plus de la communication non verbale que de la violence rituelle. Voir par exemple KUB 25.36 v 12-13 cité par Taggar-Cohen (2006, 249). 5 Ce projet a été présenté au comité national scientifique du CNRS en décembre 2013 puis lors du colloque « L'hittitologie aujourd'hui » de l'IFEA en novembre 2014. 6 Voir, notamment, Glucklich (2001). 16 Proposition personnelle de lecture des signes partiellement pré-servés du début de la ligne 2H. 17 Neu (1980, 104 sq.), de Martino (1989, 69 sq.) et CHD L-N, 290. Voir également Masson (1996, 36) pour une traduction de ce passage. Celui-ci est restauré grâce aux duplicats KBo 17.18 ii 9-15 et KBo 7.35:5H-9H.