Cet article examine les effets de la prise en charge administrative de l’aspect linguistique dans l’instauration des outils de démocratie digitale de la municipalité de Moncton, une ville canadienne officiellement bilingue (français-anglais). Par une étude de cas abordée avec une approche qualitative, il souligne le caractère paradoxal de l’enjeu du bilinguisme, lequel est exprimé comme résolu en revêtant un caractère purement technique au travers de la traduction, alors même qu’il cristallise des tensions politiques, mais aussi des tensions sociales d’inclusion. Dans un cadre interdisciplinaire alliant sociolinguistique et administration publique, il propose une réflexion critique sur les présupposés linguistiques dans la conception des outils de démocratie digitale, et interroge le traitement de ces enjeux et leurs impacts dans l’effectivité et les mécanismes de ces outils.