L'idée selon laquelle un élève apprend mieux lorsque le contenu pédagogique est présenté dans sa modalité sensorielle préférée (p. ex. présenter des diagrammes ou des images à un élève « visuel ») ne repose sur aucun fondement scientifique. Comme d'autres fausses croyances sur le cerveau et l'apprentissage (p. ex. On utilise seulement 10 % de notre cerveau), il s'agit d'un neuromythe. La prévalence internationale d'adhésion au neuromythe des « styles d'apprentissage » VAK (visuel, auditif, kinesthésique) dans le milieu de l'éducation est en moyenne de 88 %. Cette fausse croyance semble profondément ancrée dans l'expérience personnelle des enseignants. En effet, dans une recherche récente, après avoir été exposés au savoir scientifique disqualifiant leur utilité pédagogique, 90 % des répondants ont rejeté le bien-fondé conceptuel des styles d'apprentissage, mais un tiers d'entre eux ont indiqué vouloir malgré tout continuer d'employer ce concept dans leur pratique enseignante, dont 89 % en raison de leur expérience personnelle (p. ex. Je l'observe en classe). Les observations anecdotiques sembleraient donc protéger les neuromythes de l'assaut du savoir scientifique. Dans la présente étude, nous avons émis l'hypothèse que la création d'une anecdote personnelle disqualifiant l'utilité pédagogique des styles d'apprentissage VAK puisse former, avec le savoir scientifique, une alliance suffisamment puissante pour faire contrepoids aux anecdotes déjà vécues par les répondants et déstabiliser cette fausse croyance. Des apprentis enseignants ont réalisé une activité didactique dans laquelle le contenu pédagogique était présenté dans la modalité sensorielle (visuelle ou auditive) correspondant ou non à leur propre « style d'apprentissage » (présumé). Les participants ont ensuite été confrontés à la fois à l'absence de preuves scientifiques et à leurs propres données personnelles disqualifiant l'idée d'un meilleur apprentissage lorsque la modalité sensorielle dans laquelle le contenu pédagogique est présenté correspond au « style d'apprentissage » de l'apprenant. De 100 % avant l'intervention, le pourcentage d'apprentis enseignants ayant indiqué avoir l'intention d'utiliser des pratiques pédagogiques inspirées des styles d'apprentissage VAK a décliné à 60 % après l'intervention. Ce taux considérable de résistance à l'intervention suggère que l'anecdote créée n'avait pas une puissance suffisante pour déstabiliser la fausse croyance. Des pistes de recherche futures sont suggérées pour consolider la nouvelle anecdote, dont notamment une intervention visant à réaliser l'activité didactique auprès d'élèves, de sorte que les participants puissent être témoins de contre-exemples directement issus du milieu éducatif.