La communauté autochtone shipibo-konibo de San Francisco de Yarinacocha a été particulièrement affectée par le SARS-CoV-2 en 2020. Ceci s’expliquerait par une dégradation de l’état sanitaire de ses habitants – dont certains souffrent d’une série de comorbidités – suite au passage rapide d’une économie d’autosubsistance fondée sur l’abondance, à une monétarisation de l’économie locale marquée par un phénomène de paupérisation et de restriction alimentaire. L’élaboration, dans la gestion de la COVID-19, de politiques de santé valorisant une automédication en accord avec les représentations nosologiques locales, principalement fondée sur l’usage de la pharmacopée autochtone, aurait cependant contribué à la revitalisation des liens étroits qui unissent traditionnellement cette société au monde végétal. La présentation de ce corpus thérapeutique en tant que « médecine shipibo » agirait dès lors comme une affirmation identitaire aux prises avec des revendications économiques, culturelles et politiques.