Chapitre IX. Se dire adulte en France : le poids des origines sociales

Forger la citoyenneté juvénile. Anthropologie d’un rituel politique

“…Par ailleurs, nombre de travaux 8 montrent comment le sentiment d'appartenance à des réseaux et des territoires peut largement dépasser les frontières de l'État-nation, que l'on soit une personne ayant immigré ou non. C'est pourquoi Catherine Neveu 9 , en référence à Benedict Anderson 10 , propose de traduire la notion de sentiment d'appartenance, ici à la nation, par la « nationité » (nationness), que ce sentiment dépende de droits ou non.…”

“…Il peut, à ce titre, exercer les droits politiques pour les affaires fédérales et cantonales dans chaque canton où il est établi. » 9 Les femmes -comme les personnes de nationalité étrangèresont, quant à elles, exclues de la citoyenneté ainsi définie. Les femmes ne jouissaient ni de la liberté d'établissement, ni des droits politiques.…”

“…Ce « nouveau » rapport à la vie politique rendrait les nouvelles générations particulièrement sensibles aux effets de périodes. Des chercheuses et chercheurs ont montré que des événements « perturbants » (upsetting) 9 rapportés par les médias forgent la vision du monde et le rapport à la sphère publique des jeunes. David O. Sears et Nicholas A. Valentino 10 ont notamment relevé le rôle qu'une campagne présidentielle peut prendre dans la socialisation juvénile.…”

“…Pourtant, Claire Bidart affirme que les jeunes d'origines populaires se disent adultes plus tôt, et franchissent les seuils avant les jeunes de milieux plus aisés. Elles et ils auraient des enfants plus tôt, feraient des études moins longues et devraient plus souvent soutenir un parent, passant ainsi soudainement à d'autres « rôles générationnels » 9 . Par conséquent, même la précarité professionnelle ne peut remettre en question le fait qu'elles et ils ont « mûri ».…”

“…6. Muxel, 2007 multiplient les conseils pour inciter à s'engager politiquement au niveau communal : renouvellement des cours d'instruction civique ou d'histoire et de géographie ; visites des lieux de décision législatifs pour les enfants du primaire ; développement des parlements des jeunes ; coparticipation avec des élu•e•s plus aguerri•e•s au niveau du législatif ou de l'exécutif communal 9 ; concours artistiques d'incitation à la citoyenneté par des affiches ou des courts métrages ; parrainage, accompagnement ou coaching des nouveaux ou nouvelles élu•e•s ; restructuration des programmes et agendas communaux pour les rendre plus adaptés à la mobilité et la flexibilité des élu•e•s ; augmentation des indemnités dévolues aux autorités, et même revendication de pouvoir s'engager dans une commune où l'on ne réside pas en raison de son travail ou ses études.…”