La notion psychopathologique de schizoïdie ne se retrouve pas de manière reconnaissable dans les actuels DSM-IV et CIM-10. Cependant, celle-ci se révèle utile à la psychiatrie phénoménologique qui s'en inspire pour atteindre une conception dynamique des troubles schizophréniques. Au travers de l'écoute du discours du patient, la démarche phénoménologique cherche la spécificité caractéristique des troubles du spectre shizophrénique, allant au-delà de la simple énumération de symptômes. Les recherches en neurosciences, de leur côté, suggèrent une étiopathologie de type neurodévelop-pemental, mettant en évidence la question de la connectivité intersynaptique et le rôle du glutathion. Sans s'exclure l'un l'autre, ni pour autant se trouver en correspondance stricte, ces deux domaines distincts d'appréhension que sont la phénoménologie et les neurosciences semblent pouvoir s'enrichir mutuellement dans l'étude de la schizophrénie : l'un par l'étude du substrat biologique en cause dans la maladie, l'autre par la compréhension descriptive et le traitement clinique des malades.
Mots clés : Schizoïdie -Schizophrénie -Psychiatrie phénoménologiqueRehabilitating the concept of schizoid disorder Abstract: The notion of the schizoid disorder appears in a somewhat tainted form in the current DSM-IV and CIM-10. Yet this notion is of great use in phenomenological psychiatry, which draws on it to conceptualise dynamically schizophrenic disorders. Phenomenology traces the specifics of the schizophrenia spectrum disorders through the discourse of patients. By contrast, neuroscience suggests neurodevelopmental pathogenesis, emphasizing the role of synaptic connectivity and the importance of glutathione. Phenomenology and neuroscience are neither mutually exclusive nor in complete concordance; instead, each seems to benefit from the other's approach to schizophrenia, phenomenology through the descriptive understanding and clinical treatment of patients, neuroscience through the study of the illness's biological substrate.