Co-construction des savoirs selon le genre en EPS : études de cas en volley-ball

Abstract

Cette étude met en évidence, à partir de l’analyse des interactions didactiques en classe de volley-ball, la dynamique différentielle de construction des savoirs selon le « positionnement de genre » en Education Physique et Sportive (EPS). Seize élèves de deux classes, caractérisés par leur genre et leur représentation de l’attaque ont été observés pendant 3 séances. Les résultats mettent en évidence la diversité des formes d’inscription dans le contrat didactique de ces élèves en relation avec : 1) les positions de genre activées en situation, 2) leur représentation de l’activité enseignée, et 3) les dynamiques interactionnelles en situation d’enseignement/apprentissage. Ils suggèrent l’intérêt d’une approche didactique des inégalités scolaires selon le genre.

Vers une « égalité sans condition » en EPS : le cas d’une recherche collaborative pilotée par le changement des pratiques d’enseignement du cirque au cours préparatoire

“…En nous appuyant sur West et Zimmerman (2009), qui soulignent que le genre « relève d'un faire, un faire à concevoir comme une activité continue, enchâssée dans les interactions de la vie courante » (p. 40), nous considérons que son actualisation en classe est à interpréter au niveau même des interactions didactiques, à partir de l'analyse du positionnement de genre épistémique des acteurs et actrices . C'est parce que la théorie de positionnement soutient l'idée que la conduite Vers une « égalité sans condition » en EPS : le cas d'une recherche collabora... Genre Éducation Formation, 4 | 2020 humaine est intentionnelle, mais contrainte par les normes de groupes, que ce concept permet de rendre compte les dynamiques singulières de performativité du genre en situation d'enseignement-apprentissage et de rendre intelligibles les différentes trajectoires didactiques d'élèves qui en résultent (Verscheure, Elandoulsi & Amade-Escot 2014). D'une certaine manière, le concept de positionnement de genre épistémique n'est pas sans lien avec la problématique développée par Cendrine Marro (2012) sur la dépendance et indépendance à l'égard du genre.…”

“…Un ensemble de travaux (Amade-Escot, 2019b ; Verscheure et al, 2014 ;) mené à partir du cadre théorique présenté dans la section précédente a mis en évidence que les inégalités d'apprentissage selon les sexes résultent des effets conjugués : i) des milieux didactiques proposés aux élèves ; leurs liens avec les connotations sexuées des savoirs enseignés, dont celles valorisées (ou non) par le professeur ; ii) des interactions que chaque élève engage ou dans lesquelles elle•il est engagé•e avec les enseignant•es, mais aussi avec les autres élèves ; iii) des modalités de ces interactions, elles-mêmes influencées par les attitudes plus ou moins scolaires, les arrière-plans représentationnels et actionnels sur lesquels s'élaborent, se modifient ou se colorent les formes de l'étude. De ces constats réitérés est née l'idée d'entrer dans une démarche participative, afin de co-construire avec les enseignant•es, les conditions de changement des pratiques tant au niveau de la « direction d'étude du professeur » que de celui de l'étude des élèves, filles et garçons.…”

The relevance of the concept of “epistemic gender positioning” for the didactical analysis of the fabric of inequalities in the classroom

“…Ces modes d'engagement sont eux-mêmes influencés par les modalités de la pratique enseignante : le type de direction d'étude, les dimensions verbales et non verbales des régulations, l'épistémologie du professeur, etc. (Amade-Escot, Elandoulsi et Verscheure, 2015 ;Verscheure, 2005Verscheure, , 2009Verscheure, , 2020Verscheure, Elandoulsi et Amade-Escot, 2014 ;Vinson et Amade-Escot, 2014 ;Vinson et Elandoulsi, 2014) et se traduisent par l'activation, in situ, de positions de genre variables au fil du temps didactique.…”

“…L'élargissement du concept de contrat didactique différentiel intégrant les positions de genre au-delà des positions d'excellence scolaire comme le considérait initialement Maria Luisa Schubauer-Leoni (1996) a permis d'expliquer certaines différences et la grande variabilité dans les façons dont filles et garçons développent des compétences et des connaissances en classe d'EPS, ainsi que la co-construction professeurélèves de ces variations (Verscheure, Elandoulsi et Amade-Escot, 2014).…”

“…Ainsi, certain•es élèves (filles ou garçons) « chronogènes » permettent au professeur de pointer les traits pertinents des savoirs visés ; d'autres sont sollicités pour mettre en évidence, pour toute la classe, certaines erreurs à corriger. En identifiant dans cette dynamique de co-construction différentielle, les positions de genre activées (ou non) par les élèves, nous avons pu mettre en évidence la pluralité des trajectoires didactiques des filles et des garçons au regard des modes d'intervention et des savoirs valorisés par les enseignant•es (Verscheure, 2005(Verscheure, , 2009Verscheure, Elandoulsi et Amade-Escot, 2014). Pour saisir la variabilité des positions de genre nous prenons en compte des indices marquant la plus ou moins grande dépendance ou indépendance des actions du professeur et des élèves à l'égard des conceptions normatives de pratique assignées aux catégories de sexe, et leur récurrence au fil des interactions didactiques.…”