Les résistances de l'école Michaël ATTALI Cécile OTTOGALLI-MAZZACAVALLO Jean SAINT-MARTIN Entre 1959, où l'école connaît une transformation structurelle majeure par l'intermédiaire de la réforme initiée par Jean Berthoin, et 1975, où le collège unique est instauré sous l'effet des lois Haby, se développe une vaste politique de démocratisation de l'enseignement, unanimement sous-tendue par le concept d'égalité des chances. Dans le même temps, la mixité dans l'enseignement s'installe progressivement. Cette nouvelle organisation pédagogique est-elle l'occasion de promouvoir ou de revendiquer l'égalité entre les sexes ? L'utopie égalitaire de l'école est aujourd'hui amplement contredite et il apparaît évident que la mixité n'y suffit pas 1. Celle-ci s'impose en effet non seulement sous le poids « d'arguments économiques qui sont au fondement des politiques de l'État » 2 mais aussi et surtout sur la base d'une vision sexuée des rôles sociaux. À l'aube de la Cinquième République, mixité et égalité ne sont pas interpellées dans leur éventuelle interaction. L'analyse d'une des principales revues éducatives, l'Éducation Nationale (EN) 3 , révèle qu'il « est fort difficile de penser l'égalité des sexes autrement que par la différence » 4. Malgré des 1