Cet article se concentre sur la communication de la police nationale, et plus précisément sur le discours institutionnel tel qu’il se matérialise via les relations presse. Il examine les conditions et les opérations par lesquelles la police est donnée ou se donne à voir, au prisme de l’actualité. D’une part, il se fonde sur une enquête ethnographique au sein du Service d’information et de communication de la police (Sicop). L’institutionnalisation et la professionnalisation de la communication s’accélèrent nettement à partir des années 2000, de sorte que le Sicop s’impose désormais comme un acteur et une source de premier plan dans la fabrication de l’information policière. D’autre part, l’article mobilise une analyse statistique descriptive de l’ensemble des relations presse orchestrées par le Sicop au premier semestre 2010, à partir d’une base de données logicielle interne. Le travail de publicisation auprès des médias d’information réalise la congruence entre les priorités politiques du ministre de l’Intérieur et les hiérarchies internes à la profession policière. La communication de l’institution articule ainsi, étroitement, la légitimation de la force publique, l’affirmation de sa professionnalité, ainsi que la construction symbolique des « illégalismes » qui menacent l’ordre social.