Depuis 1954, sous couvert d'une défense passive post-Seconde Guerre Mondiale, et pour pallier les défaillances d'utilisation des tocsins des églises pendant les inondations de 1930, l'État a déployé en France le RNA (Réseau National d'Alerte), composé essentiellement de sirènes. Le signal associé était destiné à interrompre toutes les activités sociales, et il était censé induire un comportement « approprié » de la part des autorités et des habitants concernés pour face à un danger, quelle qu'en soit la nature. Mais au fil des années, le RNA est devenu désuet et vieillissant et dans la majorité des cas, l'hésitation et les incertitudes sur les évolutions attendues des aléas en cours conduisent plus les autorités à une inaction plus qu'à une réelle réactivité. Pour autant, les sirènes restent l'outil prioritaire en France, et le nouveau système SAIP (Système d'Alerte et d'Information de la Population), dont l'opérationnalité est attendue pour 2022, conforte la priorité actée par les gouvernements à un tel vecteur. Cet article a alors pour but d'évaluer la pertinence de ce choix, éminemment politique, notamment pour l'alerte à la population en cas de crues rapides. Après avoir rappelé le contexte institutionnel, les avantages et limites de l'alerte par sirènes, nous avons mesuré la pertinence du réseau actuel dans le Vaucluse, en montrant notamment l'inadéquation de la localisation des sirènes par rapport aux zones à risque, et plusieurs axes d'amélioration des systèmes d'alerte sont proposés, en mesurant notamment les bénéfices à attendre d'une relocation des sirènes.