Cet article vise une meilleure compréhension des discours médiatiques produits dans des régimes rapidement qualifiés d’autoritaires ou de semi-autoritaires via l’exemple de la presse dite « pro-régime » dans l’Ouganda de la fin des années 1980. Il reconstitue toute la singularité sociale des registres critiques élaborés par cette presse, leur complexité politique, mais aussi ce qu’ils doivent à l’ordinaire du travail médiatique. Il illustre combien adhésion et critique peuvent être mêlées, parfois dans le même article de presse, par stratégie de protection visà- vis de la répression, mais aussi en cohérence avec des trajectoires politiques particulières. Il souligne l’importance de prendre en compte, en plus du faceà- face avec les autorités, les enjeux propres aux luttes internes à un proto-champ médiatique, y compris dans un tel contexte de pression politique.