Cet article est né d'un étonnement : les Gaulois, si évidemment chercheurs et producteurs d'or, n'auraient pas possédé, dit-on, de mot spécifique pour désigner ce métal… Un examen des attestations toponymiques en Argant-sur le sol de la Gaule amène à conclure que les noms formés sur ce radical, essentiellement Argantomagos et Argantorate -les plus connus sont Argenton-sur-Creuse et Strasbourg -désignaient des lieux de commercialisation et éventuellement de traitement non pas de l'argent, mais de l'or. Les premiers correspondaient à la diffusion sur des « marchés de plaine » de l'or extrait en roche, les seconds étant associés aux produits de l'orpaillage. Des comparaisons avec des données antérieures, tant en Espagne qu'en Italie du Nord, voire en Asie Mineure (Galatie), indiquent que le nom celte ancien de l'or était bien formé sur la racine indo-européenne *arg-, élargie en *arg(ant)-, au sens de « (métal) brillant ». Des traces de la même tradition se retrouvent dans des noms de magistratures gauloises à l'époque de César, moment où la dualité latine aurum-argentum commence à se superposer aux anciennes désignations.