Le modèle suédois (ou plutôt scandinave) traditionnel, « caractérisé par une domination totale du secteur public dans le financement et la production de services sociaux et de sécurité sociale », est en mutation vers un nouveau modèle, caractérisé par une coopérativisation croissante et partielle du secteur public. Pour l'auteur, le tiers secteur (sans but de distribution de profit) se compose d'une part de l'économie coopérative et sociale (qui ne distribue pas des profits mais des excédents) et, d'autre part, du secteur à but non lucratif (qui ne distribue ni profits ni excédents). L'économie coopérative et sociale inclut les coopératives, les mutuelles et associations, que Salamon et Anheir décrivent comme des organisations à caractère commercial. Le secteur à but non lucratif (nonprofit ou Ideell en Suède) intègre les associations à faible activité économique et fort pourcentage de bénévoles. L'auteur décrit le passage de la subsidiarisation à la contractualisation (reprend Kramer et Grossman qui parlent de l'Etat contractuel) et décrit trois modèles : concurrentiel (ressemble à l'approche du marché parfait), de négociation (avec processus de décision consensuel et progressif) et de coopération (là où l'Etat ne peut souvent fonctionner qu'avec un seul entrepreneur). Alors que les Etats-Unis ont adopté un mélange des deux premiers modèles, la Suède fonctionne surtout selon la formule dite de coopération, dans laquelle « le contractant (souvent la coopérative formée par les anciens employés des services publics) devient l'unique fournisseur et un monopoleur ». Le monopole de financement demeure à peu près inchangé mais la production de services s'effectue par des voies diversifiées, souvent par de nouvelles et petites coopératives. À cause du mode de contractualisation de coopération, Lorendahl voit une intégration partielle de l'économie publique et de l'économie coopérative et sociale, et même une certaine dépendance du secteur public à l'égard du secteur coopératif et social (il n'y a pas d'alternative plus attrayante) mais aussi des entreprises coopératives face aux politiques, règlements et ressources publics