Cooptation et résistance dans la planification forestière concertée au Québec

Abstract

Définies comme des processus de concertation où les utilisateurs du territoire sont invités à élaborer une vision commune de la gestion des territoires forestiers, les tables de gestion intégrée des ressources et du territoire (« tables GIRT ») sont apparues au Québec en 2010. Cet article explore la participation des Atikamekw Nehirowisiwok à ces tables, et contrairement à d’autres études qui tendent à interpréter les processus collaboratifs comme un modèle idéal « gagnant-gagnant » ou comme une stratégie de cooptation de la participation autochtone, les auteurs proposent ici d’examiner les processus de concertation comme un lieu où se manifestent à la fois des formes de résistance et de cooptation. De plus, les résultats démontrent que la participation autochtone aux tables GIRT gagne à être comprise en tenant compte des autres processus dans lesquels les Premières Nations sont également engagées.

La participation publique dans la gestion des forêts du Québec : Réorganisation de la concertation régionale dans un contexte institutionnel en transition

“…La question de la participation autochtone dans la gestion des forêts au Québec est fort complexe et déborde le cadre de notre étude. Cette question est abordée plus spécifiquement par Fortier et Wyatt (2014) dans le cas des Atikamekw Nehirowisiwok. La présence de la plupart des acteurs au sein de ces lieux de concertation ne constitue cependant pas le seul critère pour juger de la participation.…”

“…Andersson 2006, Howlett and Rayner 2006, Ribot et al 2006, Larson and Soto 2008, Fréchette 2009, alors que d'autres se sont intéressés aux limites de la participation publique dans un contexte forestier (p. ex. Buchy and Hoverman 2000, Martineau-Delisle and Nadeau 2010, Fortier et Wyatt 2014. Cependant, peu de chercheurs se sont attardés spécifiquement aux impacts de l'abolition de structures régionales sur les processus délibératifs associés à la gestion des forêts.…”

Analyzing entangled territorialities and Indigenous use of maps: Atikamekw Nehirowisiwok (Quebec, Canada) dynamics of territorial negotiations, frictions, and creativity

“…These entanglements have always been part of the socio‐political realities of members of nations with an Algonquian nomadic tradition (Vincent 2016; Poirier 2017). However, the imposition by the Government of Quebec of borders and administrative categories through, for example, beaver reserves, logging concessions, and controlled zones (ZECs), have undeniable effects on Atikamekw Nehirowisiw practices and territoriality, as hunters must combine their own territorial regime ( wectatowin aski ) with the regimes and administrative categories imposed by state institutions (Poirier 2000, 2014b; Fortier and Wyatt 2014; Éthier 2017). As we will see in the next section, following the creation of ZECs in the 1970s, the Atikamekw Nehirowisiw must also manage concretely the influx of non‐Indigenous vacationers and sports hunters.…”

“…Examples include the works of Speck (1915), Cooper (1939), Speck and Eiseley (1939), Hallowell (1949), Leacock (1954), Mailhot and Vincent (1980), Bishop and Morantz (1986), Tanner (1986), Feit (1991, 1998), Leroux, Chamberland, Brazeau, and, Dubé (2004), Scott (2004), Nadasdy (2012), Palmer (2012), Vincent (2016), Poirier (2017), and Chaplier and Scott (2018), among others. In the case of the Atikamekw Nehirowisiwok, recent studies have focused on issues related to the coexistence of forest resource management practices (Wyatt 2004; Fortier and Wyatt 2014; Wyatt and Chilton 2014; Fortier 2017); Indigenous political practices and decision making processes regarding resources management (Houde 2011, 2014); and process of intergenerational territorial knowledge transmission and normative practices (Poirier and Niquay 1999; Poirier 2014; Éthier 2014; Éthier 2017). The continuum of work related to the issue of territorial coexistence ultimately demonstrates that territorial relations and coexistence are in constant negotiation and readjustment.…”

Le respect des droits des peuples autochtones dans le régime forestier québécois : quelle évolution (1960-2014)?

“…Ainsi, les communautés autochtones, comme d'autres organismes communautaires, auront la possibilité de gérer de petites parcelles de forêt à des fins économiques. Selon le cinquième domaine, les communautés autochtones sont invitées à participer aux processus régionaux, et notamment à siéger à la (Fortier et Wyatt, 2014). Plusieurs y voyaient une réduction considérable de leur pouvoir d'intervention ou même y détectaient une municipalisation du niveau de leur intervention.…”