Résumé
Dans les échelles d’appréciation de la qualité scientifique des recherches, les essais randomisés contrôlés (ERC) figurent en haut de la liste. En termes de crédibilité, dans le courant des pratiques fondées sur des données probantes (Evidence Based Practice [EBP]), les résultats qu’ils obtiennent ont la priorité sur les autres. Les recensions Cochrane, qui portent généralement sur l’efficacité d’interventions médicales, s’intéressent aussi aux interventions de type criminologique. À notre connaissance, aucune étude ne s’est encore penchée sur les conclusions dégagées par la Collaboration Cochrane sur ce type d’intervention. Dans le présent article, le contenu de la revue électronique Cochrane Database of Systematic Reviews a été analysé, pour la période allant de 2000 à 2008. Les résultats montrent que 33 recensions Cochrane ont traité d’interventions de type criminologique. Privilégiant les ERC, ces recensions n’ont retenu en moyenne que 2 % de toutes les études publiées dans différents champs d’intervention. Un tel résultat permet de discuter de la pertinence de la méthode Cochrane pour évaluer l’efficacité d’interventions à caractère plus social. Les questions posées concernent la représentativité des milieux où sont implantées les interventions, la concomitance et la complexité des problèmes à résoudre, les apports et limites des « protocoles » d’intervention, ainsi que les risques de retard, voire de paralysie, dans l’implantation d’approches innovantes.