Dans ce chapitre, je propose une petite théorie de la traduction comme publication. La plupart du
temps oubliée par les translation studies, cette dimension de la traduction est pourtant cruciale,
parce qu’elle permet d’établir que les traductions relèvent, tout autant que de l’herméneutique, de l’esthétique ou de
la théorie culturelle, d’une histoire matérielle, économique et géopolitique. Cette perspective matérialiste et
géopolitique permet de penser la place de la traduction dans la mondialisation. La traduction littéraire n’est pas une
circulation culturelle, mais en réalité une localisation ; la traduction n’est pas une pratique des marges, mais au
contraire une pratique des centres, et notamment des métropoles, qui concentrent le pouvoir et dans lesquelles les
traductions jouent un rôle symbolique et politique crucial.