Résumé : L'article analyse le rôle du cinéma occidental dans la construction de l'altérité raciale et sexuelle, en suivant la carrière d'Anna May Wong, actrice hollywoodienne d'origine chinoise, active surtout dans les années 1920-1940. Il montre comment beaucoup de ses films portent sur le tabou des rapports interraciaux tout en érotisant son corps exotique. Ses personnages sont réduits à des stéréotypes, qui stigmatisent la communauté chinoise, en particulier aux Etats-Unis. Anna May Wong a été la victime d'un sytème raciste et sexiste qu'elle a malgré elle participé à reproduire. L'actrice est aujourd'hui célébrée par la communauté ChineseAmerican, mais a aussi acquis le statut d'icône gay du fait du caractère camp de ses personnages de Dragon Lady. Son parcours et ses films montrent que les sytèmes de domination de genre et de race s'alimentent l'un autre, au point de les rendre indémêlables. Ces représentations de la femme orientale ont alimenté des phantasmes occidentaux, qui sont probablement impliqués dans le développement du tourisme sexuel en Asie du Sud-Est.
Abstract :The paper shows how the Western motion picture industry took part in the othering of race and gender. The career of Anna May Wong, a Chinese-American actress famous in the 1920-1940's, includes many movies dealing with the curse of miscegenation and the erotization of her exotic body. Her characters were deeply stereotyped and derogatory to the Chinese-American community. She was the victim of an oppressive racist and sexist system, but at the same time was reluctantly involved in its reproduction. The actress is today celebrated by her community, and became a gay icon because of the camp dimension of the Dragon Ladies she used to play on the screen. Her career and movies prove that race and gender domination matrices support each other in a way that makes them almost undifferentiated. It is suggested these figures of the Oriental women have nourished Western fantasies, leading to the development of sex tourism in East-Asia.