Comment maintenir la sécurité des usagers sans entraver leur circulation ? Tel est le défi des gestionnaires des gares, qui, à l’inverse des aéroports, demeurent des espaces ouverts et aisément perméables. Les études sur la surveillance conçoivent souvent cette dernière comme un phénomène politique et social global, conception fortement marquée par les travaux foucaldiens et souffrant d’un manque d’épreuve empirique. A contrario , l’article étudie la surveillance en tant que pratiques de travail qui s’ancrent dans des espaces et des organisations particulières, notamment en prenant en compte la spatialité du risque. Prenant la gare comme un laboratoire de gouvernementalité, et à partir d’une enquête ethnographique du service interne de sûreté de la SNCF, il montre comment les missions de ce dernier sont le résultat d’un compromis entre des logiques propres au métier ferroviaire et l’objectif de sûreté. Il permet également de voir comment, à la gare du Nord (Paris), s’opère une différenciation des usagers en fonction du type de surveillance qui leur est réservé.