La publicisation récente du problème du « gaspillage alimentaire » ou « food waste », en France comme aux États-Unis, aboutit à un consensus apparent entre des opérateurs économiques, des organisations publiques et des associations aux intérêts concurrents dans la production, la distribution et la consommation alimentaires. C'est à travers des dispositifs d'action publique participatifs que s'opère la mise en retrait des divergences. La « lutte contre le gaspillage alimentaire » se révèle alors être un modèle de prise en charge sectorielle et technicienne, reposant principalement sur l'innovation logistique et managériale, par opposition à des mesures prescriptives et à la politisation de l'enjeu. Aussi entraîne-t-elle plus d'adaptations marginales des systèmes alimentaires-telles que la marchandisation de denrées jusqu'alors non consommées-que de changements structurels. Les deux cas nationaux offrent ainsi une perspective sur la régulation conjointe des systèmes productifs par des acteurs publics et privés ainsi que sur les recompositions contemporaines de l'action publique.