Nous nous trouvons dans une classe d’école enfantine. Une élève est un peu désemparée car, comprenant l’activité proposée par son enseignant comme un jeu, le « jeu de la marchande », elle ne saisit pas qu’il faut mettre un biscuit dans chaque ramequin à sa disposition, c’est-à-dire les apparier. Il est trop tard pour elle, le « jeu » s’achève sur un constat d’échec : « Elle n’est pas invitée à recommencer, elle a essayé, elle a perdu. […] La fillette ne dit rien et regarde son quatrième biscuit qu’elle tient entre ses deux mains. » Cette scène, décrite dans l’ouvrage, constitue, avec d’autres, un point de départ des réflexions des auteur·e·s sur les inégalités d’apprentissage et sur les moyens d’y remédier. Souvent conçues au niveau macrosociologique et associées à des indicateurs comme la profession des parents, ces disparités semblent fatales, hors de portée des enseignant·e·s, qui seraient alors réduit·e·s à les reproduire ou à les accompagner. Or, si l’on prête attention aux gestes pédagogiques du quotidien, on s’aperçoit qu’il existe de nombreuses possibilités pour les contrer. L’ouvrage, réunissant les contributions d’une quinzaine de spécialistes, porte à la fois sur la sensibilisation et la formation des enseignant·e·s aux inégalités sociales d’apprentissage et sur les moyens d’agir concrètement dans les classes et les établissements scolaires.