Résumé L’article décrit la réalité plurielle de l’école contemporaine, où des conceptions successives de l’égalité –égalité formelle, équité, reconnaissance– ne s’annulent pas mais s’articulent, de façon congruente ou contradictoire, dans les postures et les pratiques enseignantes. Il montre les limites et les dilemmes que chacune induit pour les enseignants. L’égalité formelle, liée au modèle politique français de la fin du XIX e siècle, assure des droits égaux aux élèves indépendamment des appartenances sociales, ce qui renforce l’inégalité scolaire des plus faibles qui ne sont pas reconnus dans leurs difficultés individuelles. L’équité individualise la relation mais risque de traiter les élèves comme des cas particuliers en occultant le caractère social des conduites. Dans le cadre de la reconnaissance, l’élève, défini par des caractéristiques collectives, bénéficie d’un traitement compensant les effets de la discrimination mais les tensions avec le mérite individuel augmentent et l’action positive se pervertit souvent en attitude compassionnelle. L’image du bricolage de l’action des enseignants masque les conceptions divergentes de l’égalité. Leurs contradictions, jamais politiquement traitées, laissent aux acteurs de l’école un sentiment ambivalent de liberté individuelle et d’impuissance face aux inégalités sociales.
L’enjeu accru de la scolarité –entre mobilité sociale et exclusion– et les transformations de l’action publique poussent à analyser le changement de la relation entre l’école et les parents de milieux populaires. L’article montre comment, entre injonction institutionnelle et situations vécues, le monde commun entre enseignant et parents se construit autour d’une incertitude : ni l’école ni la famille ne disposent d’une solution magique pour résoudre la difficulté scolaire d’un enfant, mais toutes deux s’engagent dans un travail de diagnostic et de traitement qu’il leur paraît préférable de mener conjointement. L’inquiétude devant les risques d’échec scolaire et de mise à l’écart de leur enfant incite les parents à rechercher des avis experts et des prises en charge par des spécialistes. La crainte d’une altération de leur rôle et d’un jugement d’inefficacité conduit les enseignants à déléguer l’action individualisée aux mêmes spécialistes et à se transformer en prescripteurs auprès des parents. La raison médicale (neurosciences, biogénétique, psychologie cognitive) produit un discours de vérité qui rassure et déculpabilise tant les parents que les enseignants.
Col lège Émile-Zola, dans une banlieue dite « sensible ». Réunion hebdomadaire du chef d'établissement, de son adjoint et des conseillers principaux d'éducation pour « suivre les cas difficiles » 1 .
Proposant de mettre à jour des déterminations structurelles de la violence à l'école, cet article s'attache à construire une perspective sociologique sur les processus de ségrégation scolaire. L'hypothèse sousjacente est en effet que la ségrégation, dans ses dimensions objective et subjective, est une des causes essentielles de développement des incivilités et des violences dans les établissements scolaires. La ségrégation scolaire résulte de mécanismes pluriels et interactifs, tant externes à l'école (division sociale de l'espace résidentiel) qu'internes (banalisation idéologique du secteur privé, consumérisme des parents, autonomie et concurrence des établissements publics). Elle se développe dans un contexte général d'exacerbation de l'enjeu scolaire et d'ethnicisation négative des discours sur la violence urbaine, La ségrégation scolaire demande à être décrite et analysée comme une différenciatfon des populations scolaires, d'un établissement à "autre à {'intérieur d'un « marché scolaire local» et au sein de chaque établissement entre les différentes classes d'un même niveau de cursus. Elle nécessite éga-Iement une lecture sous l'angle du travail des agents, en termes de différenciation spatiale des carrières professionnel/es et de division morale du travail au sein des établissements. Particulièrement, la gestion des déviances scolaires semble instituer une évolution des métiers, enseignants et non enseignants, dans les établissements exposés, lesquels sont également les plus ségrégués.
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