La chorée de Huntington est une maladie neurodégéné-rative héréditaire dévastatrice qui touche une personne sur 10 000. Autrefois surnommée « danse de Saint-Guy » parce que les patients présentent des mouvements brusques incontrôlables (mouvements choréiformes), elle affecte également l'humeur (état dépressif) et les capacités intellectuelles. Dans la majorité des cas, elle débute à un âge compris entre 30 et 50 ans. Cependant, pour moins de 10 % des patients (forme juvénile), les premiers symptômes apparaissent avant la vingtième année. Le décès, inéluctable, survient en moyenne au bout de 15 à 20 ans. Sur le plan histopathologique, certaines populations neuronales du cerveau dégénèrent progressivement dans le noyau caudé et le putamen (striatum) et, de façon moindre, dans le cortex cérébral et le cervelet. L'anomalie responsable de la chorée de Huntington est une répétition anormalement longue de résidus glutamine dans la partie amino-terminale de > La chorée de Huntington est une maladie neurodégénérative héréditaire dominante caractérisée par l'apparition progressive de déficits moteurs, de troubles émotionnels et de l'humeur, ainsi que d'une détérioration des capacités intellectuelles. Elle aboutit irrémédiablement au décès des patients après environ 15-20 ans. Les études sur cette maladie ont pour la plupart avant tout cherché à identifier les mécanismes intrinsèques qui conduisent certaines populations de neurones à dysfonctionner, puis à dégénérer. Ce n'est que depuis les cinq dernières années que l'intérêt s'est aussi porté sur d'autres cellules du cerveau : les astrocytes. Cet article présente les arguments qui ont permis aujourd'hui d'admettre que le fonctionnement des astrocytes est également compromis dans la chorée de Huntington. Parmi les mécanismes possibles, la mutation responsable de cette maladie pourrait altérer la voie de signalisation du récepteur à l'EGF, qui régule en particulier la réponse des astrocytes à une atteinte des neurones. < la protéine « Huntingtine ». Elle est due à un nombre trop élevé de triplets CAG (>36) dans le gène codant cette protéine [1]. Depuis l'identification du gène muté en 1993, la chorée de Huntington a fait l'objet d'études sur des théma-tiques aussi variées que l'apoptose, le trafic intracellulaire, l'excitotoxicité, la régulation de la transcription, la mitochondrie, les facteurs neurotrophiques ou le protéasome. Ces études avaient pour la plupart pour but direct de comprendre, à l'aide de modèles animaux, les mécanismes intrinsèques qui conduisent certaines populations neuronales à dysfonctionner ou dégénérer dans cette pathologie [2]. Plus récemment, des travaux ont abordé un aspect jusqu'alors négligé : le rôle des interactions cellulaires et des astrocytes.
Le rôle des astrocytesLes cellules gliales représentent près de 90 % des cellules du système nerveux et les astrocytes forment la principale population de cellules gliales dans le cerveau. Elles ont été qualifiées de cellules glues car on leur assignait autrefois un rôle passif consistant à combler le...