Objectif : La récente loi Claeys-Leonetti de 2016 reconnaît le droit du patient à une sédation profonde et continue jusqu’au décès (SPCJD) si ce dernier en fait la demande. Au quotidien, comment les équipes soignantes s’approprient cette nouvelle possibilité et s’adaptent à ces situations de fin de vie spécifiques ?
Méthode : Nous avons mené des entretiens semi-directifs avec six soignants volontaires de chaque corps de métier (deux médecins, deux infirmier.ère.s et deux aides-soignantes) dans un service d’oncologie médicale et de radiothérapie. Les entretiens ont été analysés selon une méthode d’analyse de contenu thématique, afin de rendre compte du vécu des professionnels de soins face aux protocoles de SPCJD et aux conséquences sur les accompagnements de fin de vie dans ces circonstances.
Résultats : Cette enquête exploratoire met en évidence des disparités interprofessionnelles quant au vécu des accompagnements de patients sous SPCJD. L’hétérogénéité des représentations semble liée à une méconnaissance de la loi, à des acceptions variables, mais aussi à des intentions différentes en fonction des fonctions exercées. La continuité dans la prise en charge des patients est affectée : le seul point commun observé chez tous les professionnels concerne les difficultés décrites dans l’accompagnement des familles.
Conclusion : La loi Claeys-Leonetti, ayant pour objectif de donner davantage de droits aux patients, pose des enjeux éthiques et des difficultés aux soignants encore trop peu investigués à ce jour. Il semble fondamental de tenir compte de l’effet de cette procédure sur le vécu des professionnels, afin que la mise en place des protocoles soit accompagnée et pensée au mieux, dans le but de limiter les potentielles difficultés et souffrances relatives à la SPCJD.