L'éducationà la prévention du sida a fait son entrée dans les classes de sciences du secondaire au Gabon par décret gouvernemental. Du jour au lendemain, les enseignantes et enseignants ont dû prendre en charge cetteéducation qui, comme toutes les 'éducationsà', implique de ne pas s'en tenir au seul regard disciplinaire. Prenant appui sur la perspective de l'interactionnisme symbolique et sur la problématique du rapport au savoir, j'ai exploré, dans le cadre d'entrevues collectives, leurs points de vue sur le sujet. Cet article présente leurs façons d'envisager cette missionéducative ainsi que d'approcher les aspectsà la fois sensibles et socioculturels en jeu.
Abstract:It was by government decree that AIDS prevention education was introduced into high school science classes in Gabon. Suddenly, teachers were required to undertake this subject matter, which, like all "educations" that target specific issues, is not limited to the understanding of a single discipline. Using the perspective of symbolic interactionism and the question of relationship to knowledge as a basis, I explored the views of teachers on the subject as expressed during group interviews. This article describes how they perceive this educational charge and their ways of approaching the sometimes-sensitive sociocultural aspects of the subject matter at hand. Depuis plusieurs années, les programmes d'enseignement des sciences font l'objet de réformes faisant explicitement placeà des questions de l'existence citoyenne. Selon les finalités poursuivies et le statut accordé aux savoirs scientifiques, cette intégration prend diverses formes. Comme le montre Tiberghien (2009), dans certains cas, cette intégration viseà soutenir l'apprentissage des objets d'enseignement en les contextualisant. Par exemple, dans un cours de physique sur la question de l'énergie, cette intégration peut donner lieuà une recherche documentaire sur des thèmes qui circulent dans la sphère médiatique, telle la destruction de la couche d'ozone. Dans cette forme d'intégration, les savoirs scientifiques sont la référence essentielle. Dans d'autres cas, cette intégration prend une forme plus politique, et ce, comme le formule Tiberghien, pour des raisons sociales: « la société (représentée par les décideurs) considère que ce contenu doitêtre connu de tout citoyen » (p. 11). Les savoirs scientifiques sont là aussi convoqués, maisà titre d'outils pouréclairer une situation ou une question socialement vive (QSV), qui sollicite en outre d'autres savoirs. Par exemple, discuter des enjeuxénergétiques et des choix de société qu'ils