Cet article propose d’étudier différentes commissions municipales de la vie nocturne à Lille. Depuis les années 2000, ces instances de concertation ont essaimé en France et dans d’autres États européens dans le but d’encadrer le déploiement d’une économie de la fête nocturne. À partir d’une enquête monographique menée depuis 2012, reposant sur des entretiens avec des professionnels de la nuit et des différentes institutions concernées (mairie, préfecture, police), des observations ethnographiques de ces commissions, et une analyse des archives municipales, nous nous proposons d’esquisser une généalogie de ces instances de concertation en mettant de côté la recherche de ses effets sur l’action publique au profit de l’étude de ses usages et in fine de ses fonctions latentes. Notre perspective diachronique nous permet de tester l’hypothèse éliassienne d’une forme de « curialisation » de la vie nocturne. Ces espaces de délibération constituent un moyen pour la mairie de prendre pied dans ce secteur d’action publique en enrôlant les patrons d’établissement de nuit, relais obliques du maintien de l’ordre nocturne.