Dès la fin du premier âge du Fer en Gaule, on observe le développement d’habitats délimités par des fossés, dont l’essor sera considérable tout au long de la séquence du second âge du Fer. Si cette manière d’agencer l’espace résidentiel est quasi ubiquiste, la grande série de sites rassemblés dans une base de données (datAFer2) permet aussi de relever que des formes d’enclos différentes se distinguent spatialement. Des mêmes scénarii d’évolution s’observent. À une première installation que l’on peut qualifier d’établissement mère, vont s’agréger au cours du temps d’autres occupations dont on peut supposer que leurs habitants sont les descendants. Cette appropriation de l’espace, assimilable à l’émergence de la propriété, se traduit également dans les tombes qui balisent leur domaine. L’accaparement des terres a peut-être été rendu possible par l’effondrement des principautés celtiques, leurs clients ou de grandes familles mettant à profit ces moments troubles pour s’ériger en potentats. Il est aussi possible que cela soit le fait de mouvements migratoires, encore nombreux à cette période. La métallurgie du fer, en dotant les agriculteurs d’outils de plus en plus performants, a permis la conquête d’espaces sur le milieu naturel qui a été fortement mis à contribution. Les paysans cultivent intensivement et adaptent leurs cultures et leurs élevages aux conditions locales. De nouvelles méthodes permettent d’affiner les résultats carpologiques et archéozoologiques qui en témoignent. Des procédés agricoles innovants visent à dépasser la production autarcique pour dégager des surplus, source de profit. Ces réseaux denses de fermes, organisées et hiérarchisées, ont constitué les bases stables du développement urbain, en permettant l’apport alimentaire nécessaire à une population dont le travail a pu alors s’orienter vers d’autres productions.