L’ancien footballeur Vikash Dhorasoo constitue une figure médiatique à bien des égards insaisissable. En dépit d’une carrière sportive le classant parmi les meilleurs joueurs de sa génération, il a toujours fait l’objet d’une relative marginalité en raison de ses prises de parole publiques rompant avec l’injonction à l’apolitisme en vigueur dans le champ sportif et les règles tacites structurant celui-ci. Cela ne l’a pas empêché cependant, au contraire, d’accumuler un certain capital médiatique qu’il s’est ensuite employé à convertir dans différents espaces, non sans contradiction, y compris le champ politique. Cet article propose d’analyser cette trajectoire à la fois pour montrer que la singularité du cas de Vikash Dhorasoo résulte de l’enchevêtrement d’un habitus clivé, forgé par une socialisation au croisement de différents champs (sportif, artistique, journalistique et politique) pendant et après sa carrière, et d’une entreprise de singularisation plus ou moins consciente initiée assez tôt par l’intéressé, mais aussi de mettre en lumière ce que cette trajectoire révèle des normes implicites respectives des champs sportif et politique, et de leurs frontières, ainsi que des rappels à l’ordre que suscite leur transgression.