Cet article présente un portrait du phénomène de débordement du travail sur le temps personnel (c’est-à-dire le travail exécuté en dehors des lieux et des horaires de travail habituels) à partir d’une enquête quantitative menée par un syndicat français auprès de plus de mille cadres (des gestionnaires et des professionnels au sens nord-américain). Les données permettent de cerner l’étendue du phénomène, ainsi que certains de ses déterminants. Notre modèle de recherche repose sur les trois hypothèses suivantes :
Les résultats indiquent que plus de la moitié des participants travaillent à la maison quelques heures par semaines alors que plus du tiers le font de façon régulière. Contrairement à nos hypothèses, l’âge est positivement associé au débordement du travail alors que le sexe ne l’est pas. Des analyses de régression indiquent aussi que la charge de travail, les déplacements professionnels fréquents, ainsi que la multiplication des technologies de l’information et de la communication tendent à augmenter la fréquence du débordement du travail sur le temps personnel. Ces résultats illustrent les recompositions des temps de travail associés aux modèles de productions postfordistes qui induisent, notamment, une plus grande porosité entre les temps personnels et professionnels.