Résumé -Dans le contexte actuel très évolutif et marqué par une crise profonde du secteur laitier, la filière comté est décrite comme un exemple de réussite économique. En prenant cette filière comme illustration, cet article propose d'explorer l'importance du capital social dans les capacités d'adaptation des filières. Après avoir défini ces termes, nous présentons le capital social de la filière comté, qui combine différents types de liens sociaux entre ses acteurs, avec son unité coopérative de base (la fruitière) et son interprofession spécifiques. En nous basant sur le journal interne de l'interprofession et en complément de la littérature, nous montrons comment ces liens sociaux permettent d'adapter les volumes produits à la demande du marché, de façon à maintenir des prix du lait élevé. Ensuite, nous montrons que ce capital social peut être mobilisé comme source d'innovation pour d'autres problématiques, en prenant des exemples concrets dans le domaine social (évolution du travail des fromagers) et technique (améliorations de la qualité du fromage et autonomie des exploitations). Le capital social de la filière présente des risques d'érosion, mais il permet aussi de lutter, en quelque sorte, contre sa propre dégradation. Ces éléments dynamiques sont discutés en conclusion, ainsi que les perspectives de cette étude et des enseignements plus généraux.Mots clés : comté / fromage à pâte dure / filière / capital social / capacité d'adaptation Abstract -The social capital of value chains: a key dimension of their adaptive capacities. Illustration with the "comté" cheese value chain. In the current period of milk crisis, the "comté" cheese value-chain is described as an example of economic success. Considering this value-chain as an illustration, this paper explores the importance of social capital to enhance adaptive capacities. After defining these concepts, we present the social capital of the "comté" value-chain, combining different types of social links between its actors, with its specific small cooperative units ("fruitières") and inter-professional organization. On the basis of the internal journal of the value-chain and the literature, we show how these social links enable to adapt cheese production to the demand, in order to maintain high milk price. Furthermore, we show that social capital can also be used as a source of innovation for other issues, with practical examples in the social domain (evolutions of cheese markers' working conditions) and in the technical domain (improvement of cheese quality and farm self-sufficiency). The social capital of the value chain is exposed to a risk of erosion, but at the same time it enables to cope with this risk of its own erosion. These dynamic perspectives are discussed in the conclusion, as well as perspectives and general lessons.