Dynamiques territoriales des Amérindiens wayãpi et teko du moyen Oyapock, Camopi, Guyane française

Abstract

Les populations amérindiennes expérimentent depuis plusieurs décennies des changements socio-économiques et territoriaux importants, dans un contexte d'augmentation démographique forte. L'article aborde l'adaptation des systèmes d'occupation du territoire et d'exploitation des ressources naturelles des Amérindiens de Guyane française face aux contraintes exercées sur leur territoire et leur mode de vie. Quelle est la résilience des systèmes amérindiens d'utilisation du territoire et de ses ressources naturelles ? La concentration de l'habitat amérindien autour du bourg de Camopi, liée à l'implantation des infrastructures de type centre de santé et école, et à la promotion de l'habitat sédentaire, contribue à générer une pénurie des ressources naturelles et un mal-être social. Le système s'adapte par un éclatement de l'habitat en villages périphériques et par une extension des terroirs agricoles le long des cours d'eau, afin de retrouver de l'espace. Ces villages reproduisent un modèle d'organisation spatiale semblable à l'organisation traditionnelle des villages wayãpi et teko. L'habitat reste cependant sédentaire, les familles souhaitant voir leur village se faire équiper des services minimaux : eau potable et électrification. La limite spatiale à l'éclatement de l'habitat demeure les déplacements journaliers vers l'école, et par conséquent la desserte par le transport scolaire (pirogue). Ainsi, les services et infrastructures conditionnent l'occupation du territoire. Des abattis complémentaires sont maintenus à plus grande distance du bourg et l'habitat devient bilocal : un habitat principal desservi par les services et infrastructures et un habitat secondaire, éloigné et itinérant, conditionné par la qualité des terres agricoles, les ressources cynégétiques, l'histoire du lieu et les réseaux familiaux. Le maintien de ces habitations éloignées est possible grâce à l'investissement des revenus issus des aides sociales dans le transport. Il est ainsi montré que les systèmes amérindiens d'occupation du territoire et d'exploitation des ressources naturelles ont un potentiel adaptatif fort : ils s'appuient sur la recomposition de mobilités circulaires, organisées selon un gradient d'intensité d'utilisation des ressources, qui garantit la durabilité du système.

Towards a Revival of Indigenous Mobility inFrenchGuiana? Contemporary Transformations of theWayãpi andTeko Territories

“…The health policies had a rapid effect and from the early 1960s the population began to increase and reached more than 1,600 people in 2010 (Davy et al, ). The population is still growing rapidly, with an annual growth rate of 4.5 per cent between 1999 and 2009 (Tritsch, ). In 1969, the government gave French nationality to the Amerindian people of French Guiana and created the municipality of Camopi, which is focused on the small town of Camopi in the Middle Oyapock and on the village of Trois‐Sauts in the Upper Oyapock (Figure ).…”

“…Not all the questions were asked at the same time, and most households were visited several times during our project. It was possible to build a relationship of trust with respondents because some of the researchers in our team had been involved for more than 30 years with the Wayãpi and Teko communities and because one member had written a PhD thesis on their land use practices (Tritsch, ).…”

“…In their territory, two governance systems now coexist: French institutional governance and customary governance. In the former, the main local representative is the municipal team, which has been composed of indigenous peoples since 1970 and in the latter, tacit norms and rules regulate ways of life and common land use, structured around kinship networks and reciprocity (Tritsch, ).…”

“…Several studies have analysed the transformation of indigenous land use facing different problems and opportunities, such as population growth (McSweeney and Arps, ; Sirén, ), integration into the market (Godoy et al, ; Lu, ; Gray et al, ), expansion of the agricultural frontier (Hayes, ), urbanisation (McSweeney and Jokisch, ; Eloy and Le Tourneau, ) and changes in the land tenure regime (Freire, ; De Robert, ; Albert et al, ), including the overlap with conservation areas (Kent, ; Newing, ; Tritsch, ). These studies show that in relation to the increase of problems and opportunities affecting indigenous territories, their contemporary transformations are ever more complex and multifaceted, with a variety of adaptive responses in evidence.…”

Family Farming and the Worlds to Come

“…These habitations thus become a second territorial base for extended families and allow easier access to forest resources, while a residence is maintained in the towns and villages to benefit from access to infrastructure and public services (Tritsch et al, 2012). Such an arrangement also permits the sharing of transport costs.…”