> Le traitement de l'infection chronique par le virus de l'hépatite C (VHC) a singulièrement progressé ces deux dernières décennies. Depuis 15 ans environ, la combinaison de l'interféron pégylé et de la ribavirine permet d'obtenir un taux de réponse virologique prolongée, assimilable à une guérison, chez 45 % des patients infectés par un génotype 1, 65 % de ceux infectés par un génotype 4, 70 % de ceux infectés par un génotype 3 et environ 85 % de ceux infectés par un génotype 2. Une meilleure compréhension du cycle réplicatif du VHC a permis le développement d'antiviraux directs spécifiques du virus ciblant les protéines virales (la protéase NS [non structural] 3/4A, la polymérase NS5B avec des inhibiteurs nucléosidiques et non nucléosidiques, la protéine multifonctionnelle NS5A du complexe de replication). De nombreux résultats ont montré que des combinaisons d'inhibiteurs de première génération, notamment les inhibiteurs de protéases, en association avec l'interféron pégylé et la ribavirine, avaient une efficacité antivirale élevée (75 % de guérison des patients infectés par un VHC de génotype 1) avec une tolérance difficile. Cette première étape majeure a été rapidement suivie de l'utilisation d'une combinaison des antiviraux directs de deuxième génération avec l'interféron pégylé et la ribavirine, permettant d'augmenter sensiblement les taux de guérison (de 75 à 90 %) avec une réduction des durées de traitement et du nombre de comprimés administrés. La prochaine étape sera la combinaison des antiviraux directs, qui deviendra le standard de traitement en 2015. La plupart des études ont inclus des patients « faciles à traiter », en petit nombre, avec des résultats d'efficacité et de tolérance remarquables. Cependant, les résultats obtenus avec les « populations difficiles à traiter » (sujets en échec de traitements antérieurs, notamment par les inhibiteurs de protéases, sujets cirrhotiques, sujets transplantés hépatiques ou rénaux, et sujets infectés par le VIH [virus de l'immunodéficience humaine]) restent à confirmer et sont impatiemment attendus. < . La véritable révolution thérapeutique à laquelle on assiste aujourd'hui est probablement unique, à plus d'un titre. L'infection par le VHC est la seule infection chronique dont on guérit. La rapidité de développement de nouveaux traitements, constamment plus efficaces et mieux tolérés, est sans doute sans comparaison dans l'histoire pharmaceutique. Les capacités de remodelage et de régé-nération hépatiques, permettent potentiellement, avec la guérison virale, la réparation des lésions, notamment de fibrose, générées lors de l'infection. S'ouvrent ainsi de nouveaux défis pour un dépistage plus large, un accès facilité aux traitements les plus efficaces, et une réflexion sociétale sur le rapport coût/efficacité des stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Sur cette thématique clinique et de recherche, la France a été et reste dans le trio de tête depuis ces deux dernières décennies. Cette revue résume cette courte histoire exemplaire et récente.
Épidémiolog...