Si le culte de Niño Dios -une statuette à l'effigie de l'Enfant Jésus -existe dans différentes régions d'Amérique latine 1 , le phénomène prend une ampleur considérable au Mexique. Chaque année, peu avant Noël, pendant le mois de janvier et jusqu'à la Chandeleur, le 2 février, de nombreuses rues du centre de la ville de Mexico s'emplissent d'étals et de magasins dédiés à Niño Dios 2 . La « Romería del Niño Dios », à la fois un marché et une festivité qui en est à sa 66 e édition, est l'occasion de se procurer un Niño Dios -en résine, en porcelaine, en plâtre, en fibre de verre ou en plastique -, de le faire réparer, de le vêtir ou de le parer d'accessoires divers (trône, lit, jouets…). On peut s'interroger sur les raisons de l'immense succès de Niño Dios, qui est non seulement présent dans de nombreuses églises et chapelles, mais aussi dans l'espace public (marchés, stations de bus et de taxis…) et dans l'intimité de nombreux foyers issus de milieux variés. Au même titre que d'autres saints et divinités populaires (Virgen de Guadalupe, San Judas Tadeo, Santa Muerte ou San Charbel 3 ), Niño Dios protège, soigne, accompagne, exauce les souhaits ou aide à résoudre des problèmes inextricables. 1. Cf. Margarita Aristizabal (2007) pour la Colombie. 2. Les matériaux ethnographiques sont issus d'une enquête de terrain urbaine multisituée, menée entre 2015 et 2019, essentiellement dans la ville de Mexico, qui s'inscrit dans une démarche d'anthropologie urbaine. Elle s'est appuyée sur le projet « Enfance et enfants dans la patrimonialisation », financé par l'Ird, en partenariat avec El Colegio San Luis, A. C. (Mexique) et l'Université de Liège (Belgique), auquel les auteurs sont associés (https://childherit.hypotheses.org/). Il a bénéficié des appuis suivants pour Élodie Razy, chercheuse à